Nous avons déjà rapporté ici en août comment le projet de déménagement du Conservatoire de cépages de l’INRA à Vassal suscitait les craintes de nombreuses parties prenantes du vignoble français. Ne serait-ce pas un peu, s’alarment même certains mauvais sujets, comme si l’on décidait de déménager le Louvre, et de remplacer les œuvres d’art originales par des copies, sous prétexte que les originaux sont fragiles ou abîmés ? Le mouvement de défense de ce patrimoine mondial s’est amplifié. Une page facebook a été créée (Le dossier Vassal) et une pétition a été lancée. De nombreux blogueurs et quelques journalistes ont commencé à faire entendre leurs voix, ce qui n’est pas le cas des administrations concernées, y compris au niveau ministériel, qui restent muettes sur les raisons du déménagement, ses modalités, ses conséquences et ses risques. Qui croirait ?
En l’absence d’informations officielles, on est réduit dans ce dossier à faire état de sources officieuses, de bruits de couloir, auxquelles il est difficile d’accorder foi… Ainsi qui croirait qu’avait lieu, à huis clos, lundi 18 novembre une réunion déterminante sur le sujet à l’INRA, ce qui renforce le sentiment d'urgence chez les opposants au projet ? Qui croirait que le Domaine de Pech Rouge - l'Unité Expérimentale de l’INRA qui reprendrait le Conservatoire - veut renforcer sa légitimité en « kidnappant » cette prestigieuse collection ampélographique ? Qui croirait, comme certains le murmurent entre deux portes, que ce serait aussi un moyen pour Pech Rouge de redorer son blason après la gabegie et l’échec de la Cité de la vigne et du vin (CVV) de Gruissan ?
Qui croirait que Paul-François Vranken, PDG du groupe Vranken-Pommery, propriétaire des lieux, ait jugé bon de s’exprimer ces derniers jours en privé à Berlin (où se tenait le congrès des Relais & Châteaux) sur ce dossier ? Qui croirait qu’il ait toujours jugé absurde un déménagement des vignes du Lido ? Qui croirait que désireux de développer des projets oenotouristiques sur le site de Vassal autour des vignes du conservatoire, il se soit heurté à l’inertie de l’administration ? Qui croirait qu’allant plus loin dans ses propos, il ait même utilisé des mots plus durs ? Qui croirait, et nous serons heureux d’entendre son démenti, qu’il ait confié avoir augmenté le loyer à la fin du bail (en 2009) pour sanctionner à sa façon l’incompétence de l’administration ? Qui croirait que Paul-François Vranken soit disposé à donner très prochainement sa version des choses ? On le voit, faute d’informations officielles, on en entend d’autres, impossibles à admettre… Et si ?
De ces informations fallacieuses qui nourrissent l’imaginaire… Et si Paul-François Vranken renouait avec ses projets oenotouristiques ? Et s’il participait à la Fondation que réclament les défenseurs du Conservatoire ? Et si face à l’étranglement des budgets publics, la sauvegarde des patrimoines vitivinicoles trouvait son salut dans les mécénats des grandes entreprises de la filière ? On le voit, faute d’informations officielles, on songe, on rêve, on délire…
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