« L'ambition de développer l'oenotourisme », c’est ce qui anime André Leenhardt, propriétaire du Château de Cazeneuve – l’un des premiers à avoir révélé le potentiel du terroir - et maire de Lauret, un village de 578 habitants situé sur l’appellation Languedoc Pic Saint-Loup.
Une Maison vigneronne
Le village s’est donc lancé dans un projet de Maison Vigneronne, une bâtisse agricole à réhabiliter au centre du village avec caveau de ventes, bar à vins et locaux de réceptions et conférences. Mais il est allé plus loin avec la création d’une initiative autour des terroirs viticoles européens et de l'oenotourisme. Des voyages d'études d’élus, vignerons et techniciens ont déjà eu lieu ces deux dernières années (Priorat et Terra Alta, Sancerre), afin de comprendre les stratégies œnotouristiques menées sur d’autres territoires. Et cette année avait lieu la Croisée des Vins Européens, avec une journée plus professionnelle le 10 mai, plus grand public le 11. Cette « Croisée » a vocation à devenir un événement annuel de partage et d'échange avec des vignerons issus d'appellations de toute l'Europe.
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 Quatre terroirs étaient à l'honneur : celui du Pic Saint-Loup, la Moselle allemande (Frank Brohl - Domaine Weingut), le Pénedès catalan (Josep Maria Albet i Noya - Domaine Albet i Noya) et le Douro portugais (José Guedes - Domaine Quinta das Lamelas ; Jean-Philippe Duhard, responsable de Vinologia, La maison des Portos). Les enjeux actuels de préservation des terroirs viticoles, les stratégies de développement œnotouristique au service des terroirs, les prochaines orientations politiques au sein de l’UE… étaient à l’ordre du jour de la journée professionnelle qui se tenait à l’Auberge du Cèdre (réputée aussi pour sa carte des vins). Deux poids lourds européens
Dans la salle et sur la scène, on pouvait reconnaître notamment Jean-Benoît Cavalier, président du syndicat des vignerons de l’AOC Languedoc ; Guilhem Viau, Président du Syndicat du Pic Saint-Loup ; Jean Natoli, œnologue ; Jean-Philippe Granier (AOC Languedoc et Coteaux du Languedoc) ; Jacques Fanet ; Thierry Duchenne (Sudvinbio) ; Françoise Le Calvez Frissant (Les Grands chemins en Minervois) ; Fabienne Bruguière (Les Vinifilles) ; Eric Barraud (Terroirs & Cultures) ainsi que de nombreux élus. Deux élus européens de poids, Daniel Cohn-Bendit et José Bové, étaient venus participer à cette journée et soutenir le projet de la Maison Vigneronne comme futur lieu d‘échanges des terroirs, et, pourquoi pas, partenaire de jumelages avec d’autres maisons des vins. « On peut être attaché à un terroir et se sentir européen » soulignait Daniel Cohn-Bendit. L’Europe et les terroirs ont même un combat commun, ajoutait José Bové, celui du « combat contre le rouleau compresseur agro-industriel ». |
 Quant à l’oenotourisme, chacun constatait dans son pays sa popularisation. Les exemples apportés par les vignerons présents mettaient l’accent sur quelques points-clés. L’importance qu’il y a à attirer les amateurs des grandes villes proches des vignobles ; comme Barcelone pour le Pénédès, ou la région de la Ruhr pour la Moselle. La nécessité d’offrir des prestations originales ; comme la dégustation de cuvées en expérimentation ou de levures naturelles chez Albet i Noya. L’exploitation oenotouristique des transports fluviaux, notamment dans le Douro). La volonté de développer un oenotourisme « discret », « sensible et subtil », en « petit comité » et bien sûr le désir de faire croître le nombre de connaisseurs de vins. « Un oenotourisme qui doit faire vendre du vin, mais qui est aussi la vente de la culture autour du vin » concluait Josep Maria Albet i Noya.
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