Tout le monde sait que l’étiquette de vin est un morceau de papier collé sur la bouteille de vin pour indiquer sa provenance. Elle permet ainsi à l’acheteur de faire son choix et au buveur de s’informer sur l’origine géographique, la date de vinification ou de mise en bouteille, le titrage, le cépage du contenu de la bouteille, les prix et médailles qu’il a remporté. Elle est en quelque sorte la carte de visite du vin. Ces étiquettes peuvent être très belles et très riches. Elles sont d’ailleurs devenues de vrais objets de collection pour les "ethylabelophiles".
Son ancienneté ne remonte pas au-delà du XVIIIe s, et encore à cette époque n’est-elle que manuscrite. Très simple, sans dessin, elle n’a pour but que de définir l’origine de la cuvée comme autrefois sur les amphores, même pour les plus grands vins. Plus tard elle s’enrichira d’un encadrement de forme rectangulaire, voire plus rarement trapézoïdale ou arrondie, dans le style des étiquettes de pharmacie.
Ce n’est qu’au XIXe siècle, que son utilisation se développera, des spécialistes en faisant de luxueux symboles à la gloire du vignoble qu’elle désigne, tout en ne cherchant pas encore à différencier les uns des autres ou les différent cépages.
A partir du Second Empire on voit une véritable floraison de magnifiques étiquettes lithographiées, en taille douce ou en chromolithographie.
Certaines célèbrent les souverains, leurs régiments (Le Grand vin des Cent-gardes, Le Grand vin des Maréchaux), par les armoiries de leurs souverainetés.
En cas de perte d’étiquette, le bouchon, lui aussi parfois armorié, peut lui servir d’auxiliaire pour désigner l’origine du vin, comme au temps des amphores.
Les armoiries associées à la consommation du vin sont toutefois bien antérieures aux étiquettes puisqu’elles apparaissent dès le XIVe siècle sur des verres et des timbales, mais alors comme simple signe d’appropriation du buveur.
Inventé au cours du XIIe siècle pour des raisons militaires (il fallait que les combattants puissent se faire reconnaître dans la mêlée), l’usage du blason s’est très vite répandu dans le monde médiéval. De l’écu à la bannière, il passa ensuite au sceau, comme signe d’identification, aux femmes, aux bourgeois et aux vilains, aux communautés civiles (villes, corporations), aux communautés religieuses (abbayes, évêchés, etc.), aux ecclésiastiques et aux clercs. A son rôle d’identification, il ajoutera celui de marque d’appropriation.
Au XIVe siècle il envahit tout l’univers décoratif (les livres, les monuments, la vaisselle, etc.).
Au XVIIe des verres bavarois de grande taille sont décorés de l’aigle impériale (toujours au féminin en héraldique) entourée des blasons des seigneuries voisines soumis à l’empereur.
A la Cour de Saxe, les dignitaires possédaient des verres à leurs armoiries, le service pour la table ne se développant que dans la seconde moitié du XIXe siècle.
Au XVIIe siècle toujours, apparaissent les premières bouteilles décorées de blasons destinés à marquer l’origine du vin. Aujourd’hui, le plus ancien type de bouteille armoriée semble être celle du vin d’Anjou, décorée aux armes du Royaume de France (style XVIIIe), et non de la province, ce qui semble témoigner de la réputation internationale du vin d’Anjou avant la Révolution.
Aujourd’hui, les blasons qui décorent les étiquettes n’ont plus vocation que décorative et valorisatrice pour des produits manufacturés ou industrialisés. On a constaté en effet que certains produits se vendent mieux quand ils sont décorés d’armoiries, sans doute par les valeurs aristocratiques que véhicule le blason. Ces armoiries peuvent toujours être celles du propriétaire du vignoble ou de la province (Anjou, Bourgogne, Touraine, etc.). Mais hélas, trop souvent ce sont de fausses armoiries, absolument en désaccord avec les principes historiques et fondamentaux.
Du Blason des chevaliers aux marques de fabrique, Atlantica, 2000, Biarritz
La Vigne et le Vin, histoire, légendes et symbolisme, Atlantica, 2006, Biarritz
Dans cet ouvrage - divisé en trois parties : L’esprit du vin, Le Vin dans l’histoire, Expansion de la culture de la vigne, Symbolisme de la vigne et du vin - Jean-Bernard Cahours d’Aspry dresse un panorama historique de l’évolution religieuse et sociale du vin à travers le monde, les mythologies, les légendes, l’archéologie, l’art et l’histoire, de Gilgamesh et Noé jusqu’au XXe siècle.
"Après le pain vient le vin. Il est le second aliment donné par le créateur à l’entretien de cette vie et le premier par excellence." (Olivier de Serres Traité d’Agriculture)
De haut en bas, blasons des communes de :
Saint-Pourçain-sur-Sioule D'azur au tonneau couché d'argent surmonté d'une fleur de lys du même
Vingrau D'argent au carreau en losange soudé d'or chargé de quatre pals de gueules, surmonté d'une couronne aussi soudée d'or, le tout accosté, en chef, de deux feuilles de vigne renversées de sinople, celle de dextre posée en bande et celle de senestre posée en barre, et soutenu de deux cornes d'abondance affrontées aussi soudées d'or remplies de raisin aussi de sinople, celle de dextre posée en bande et celle de senestre posée en barre
Pessac D'azur à la barre cousue partie de sinople et de gueules, accompagnée en chef de deux grappes de raisin fruitées d'or, tigées et feuillées de sinople, et en pointe d'une forêt de pins sur une terrasse isolée de sable
En sommaire Crézancy-en-Sancerre D'azur à la chèvre saillante d'or, la patte senestre posée sur un tonneau d'argent cerclé de sable, accompagnée à dextre du chef d'une grappe de raisin d'or, tigée et feuillée au naturel