 Si l’est et l’ouest du Val de Loire sont réputés pour leurs vins blancs secs, Muscadet à l’ouest et Sancerre à l’est, c’est au cœur du Val de Loire que sont produits, à partir du seul cépage chenin, les vins blancs doux, moelleux ou liquoreux.
Entre Angers et Tours, la douceur du climat permet, dans les meilleures années, d’atteindre la surmaturation du raisin pour produire des vins très riches en sucre. Souvent, c’est le passerillage, c’est-à-dire le flétrissement des raisins qui perdent une partie de leur eau, qui produit cette concentration. Et parfois, c’est l’action de la pourriture noble, le champignon Botrytis Cinerae, qui permet de concentrer les sucres jusqu’à des niveaux records (à plus de 230 grammes de sucres par litre de moût de raisin) et de développer une très grande finesse aromatique.
Coteaux du Layon, Chaume, Quarts de Chaume, Coteaux de l’Aubance, Vouvray, Montlouis-sur-Loire... sont les noms enchanteurs de ces vins d’exception.
Le long de la rivière Aubance, les schistes sur lesquels s’épanouit le chenin donne souvent des vins très équilibrés, conservant beaucoup de fraîcheur. C’est le cas par exemple au Domaine de Montgilet où les frères Victor et Vincent Lebreton cherchent à développer la finesse aromatique de leurs vins plutôt que la concentration en sucres.
En Layon, il faut suivre la “corniche angevine” entre Chalonnes-sur-Loire et Rochefort-sur-Loire, pour découvrir un magnifique panorama sur la Loire. Redescendu dans la vallée du Layon, on ne manquera pas de visiter le musée de la vigne et du vin de Saint-Lambert-du-Lattay, qui propose une découverte technique et ludique de la viticulture et organise de nombreuses animations.
Fraîcheur et finesse des moelleux de Vouvray
La route des liquoreux se poursuivra en longeant la Loire, sur la route pittoresque qui suit sa levée, traversant les vignobles de Saumur, Bourgueil et Chinon pour arriver à Vouvray, l’appellation louée par Balzac. “A la mi-saison, lorsque l’on voyage de l’Anjou vers la Touraine, on sent que le climat est plus frais à partir de Bourgueil” explique Catherine Dhoye-Deruet, vigneronne au Domaine de la Fontainerie à Vouvray. “Nous avons aussi des sols argilo-calcaires plus froids que les schistes angevins et cette différence de climat et de sols explique la fraîcheur des moelleux de Vouvray”. Dans la vallée Coquette, en plein cœur de l’appellation, on goûtera avec plaisir le coteaux Les Brûlés 2003 de cette vigneronne exigeante. Même en 2003, année caniculaire, son moelleux garde beaucoup de fraîcheur et exprime moins sa richesse en sucres que la finesse d’arômes déjà évolués, sur des notes épicés.
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 De l’autre côté de la Loire, il faut découvrir Montlouis-sur-Loire, vignoble qui a longtemps vécu dans l’ombre de Vouvray et qui connaît aujourd’hui une renaissance grâce au dynamisme de nombreux jeunes vignerons : Laurent Chatenay, Eric Gougeat, Franz Saumon, Thierry Chaput, Stéphane Cossais, Damien Delechenau, Lise Girard et Bertrand Jousset, Elise Brignot, Valérye Mordelet et Jean-Daniel Kloecklé du Domaine Les loges de la Folie... qui ont pris le relais du travail de pionniers entrepris par François Chidaine et Jacky Blot. A Montlouis-sur-Loire, les vignerons ont eu la bonne idée de créer une maison des vins qui présente les vins de la plupart des vignerons et qui sera donc un point de passage obligé avant de choisir d’aller visiter tel ou tel domaine. Ce sera l’occasion de découvrir à quel point le chenin est capable de surprendre, pouvant exprimer selon les terroirs et les millésimes des arômes fruités, épicés ou minéraux, pour donner des vins de garde qui peuvent dépasser le siècle. Guillaume Lapaque Photos : © GL/Ligérienne de Presse |
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