Ce qui frappe, dans les lobbys anti-vin, c’est, aussi, leur inculture crasse. Un livre comme « Florilège des Discours Savants sur le Vin » rejoint « L’Ame du Vin » de Georges Ferré ou « Crus et cuites, Histoire du buveur » de Didier Nourrisson pour construire, face à la censure crétine des prohibitionnistes, un rempart de culture et d’histoire, de philosophie et de littérature… Du gai savoir
Enseignante à l’Ecole Hôtelière de Lausanne, historienne spécialisée du vin - et de l’ivresse, titulaire d’un doctorat de l’Université de Yale, la bourguignonne Azelina Jaboulet-Vercherre fait éclater la vérité de la civilisation du vin. Sur une forêt dense d’auteurs antiques et médiévaux – écrivains, philosophes, agronomes, médecins, théologiens… - elle fait tomber la double lumière de la précision historique (le retour aux vrais textes) et du gai savoir (« Le vin est la vie pour l’homme »). De tous ces grands noms, même les moins connus méritent leurs pages : Origène, Galien, Savonarole (le grand-père), ou Albert Le Grand qui parle du Saint-Pourçain… Pour tous en tout cas, la vie n’est pas prohibition mais banquet généreux, ce symposium qui signe l’éducation, la culture, la civilisation. Ceci n’exclut pas le rappel de ses précautions d’usage, certes constant, mais à la marge, « for dummies » pourrait-on dire. Remède aux maux de la vie humaine Tout simplement, le vin « convient à toute personne, en tout âge, tout temps et tout lieu, s’il est consommé selon la force et l’habitude du buveur, et selon ce que sa nature pourra supporter » rappelle Pier de’ Crescenzi au XIIIème siècle. Les pratiques, les recherches se sont bien plutôt portées au fil des siècles sur la puissance religieuse ou l'utilisation médicale des vins selon leur diversité, tant le vin est « remède aux maux de la vie humaine », d’où l’abondance des textes des médecins, évidemment préscientifiques puisque l’ouvrage couvre les auteurs antiques et médiévaux. (Nous aurions aimé y retrouver Asclépiade…) Attention, cet ouvrage n’est pas un simple recueil de citations. Erudit, mais sensible, par intermittence sensuel, il va bien au-delà. Une approche historique et littéraire exigeante accompagne une lecture intelligente et empathique des auteurs ; qu’on lise par exemple les belles pages consacrées aux « Bacchantes » d’Euripide. Euripide, dont le Bacchus « hait quiconque ne se soucie pas seulement de passer et les jours et les douces nuits de son existence dans la joie de vivre ». Un beau gibier de censure, cet Euripide... Florilège des Discours Savants sur le Vin Azelina Jaboulet-Vercherre Féret – 263 pages
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