Il faut prendre le temps de s’asseoir et d’écouter. D’écouter la parole du vigneron Pierre Overnoy, grand parmi les plus grands. De l’écouter dans le détail. Son enfance à Pupillin. La guerre, la chasse, le tarot. Les premières ares de vigne. Le refus de la mort : celle des sols, des vers de terre et des levures indigènes (« une bonne population de levures se prépare à la vigne »). Ses compagnons : Jacques Néauport, Alain Chapel, les vignerons des vins naturels (avec souvent la référence à « Monsieur Chauvet »). On va dans le détail en effet : les terres de Pupillin, la jachère de la vigne (« mais personne ne le fait »), tous les travaux de la terre, les cépages (« quelle connerie on a fait en supprimant ces enfarinés ! »), les pratiques culturales et la vinification (le soufre, la chaptalisation…), l’élevage et le vieillissement. Tout est à lire, pour comprendre, de l'intérieur, les alternatives de la culture et de la vinification ; il y a même des cartes, des photos et des schémas clairs et instructifs. Le moyen d’apprendre aussi ce que sont le raisin bouanné, le naturé ou le seret, d’en savoir plus sur la grande sécheresse de 1893 (ça nous change du phylloxéra), et des bonnes pratiques vis-à-vis des organismes viticoles...
Du détail, mais sans aucune sécheresse, avec la chair des explications, la sève de l’observation et de l’expérience, l’âme de la confidence et de l’anecdote. Cet ouvrage délicieux est de ces livres qui nourrissent. Riche en leçons d’amour pour la terre et la vigne, c’est une conversation rare avec un vigneron (Emmanuel Houillon est bien sûr aussi présent) comme on en voudrait tous les jours.
« La Parole de Pierre » est édité (réédité, il s’agit d’une publication de 2011) par MêtaJura, qui a déjà livré un ouvrage de référence, la bible du Château-Chalon.
|