Œnotourisme découverte : Saint-Péray

Article du 08-01-2017

Ce mouchoir de poche a l’avenir d’une grande appellation. D’effervescent. De vin tranquille. Du Cornas blanc, dit-on.

Sous les ruines du château de Crussol, entre granit et alluvion argilo-calcaire, le vignoble compte aujourd’hui 85 hectares (500 en 1810). Il s’en plante 4 par an. Alain Voge, Stephan Chaboud, Rémy Nodin, Fabrice Gripa, Stéphane Robert, Sylvain Bernard, Fabrice Gripa… les vignerons, et non des moindres, sont de plus en plus nombreux à s’installer dans le sillage. Les négociants y viennent à nouveau depuis 1998 (Les Vins de Vienne, Jaboulet, Chapoutier…) ; la cave de Tain - qui a joué un rôle considérable pour l’appellation - est toujours présente ; la Maison Pic est un partenaire historique ; l’ODG est active et la synergie avec Cornas pertinente.

Il y a désormais 33 metteurs en marché sur Saint-Péray ; ils étaient 15 en 2001.

Ce terroir morcelé, aux parcelles parfois entourées de forêts, est - dit Laure Colombo - un petit Hermitage sauvage. Depuis 24 siècles, il a les atouts de ses terroirs exceptionnels et diversifiés, de son implantation sur les voies de communication (voies romaines, Rhône, chemin de fer...), de son attachement aux cépages roussanne et marsanne si complémentaires (les amis des cépages modestes peuvent déplorer la disparition du ribier…).

Une histoire agitée

Le petit bourg ardéchois a une histoire complexe. Agitée même.

C'est en 1826, au château de Beauregard, qu'un marchand de vins, Louis-Alexandre Faure, aidé du savoir-faire champenois, introduisit la méthode traditionnelle. Cet effervescent connut rapidement une vraie gloire, au point d’être appelé « le champagne du midi » par Jules Verne, et d’abreuver l’inspiration de Wagner durant l’écriture de Parsifal (d'où la cuvée « La Muse de RW » brut de M. Chapoutier). A l’époque, le saint-péray était effervescent à 90 % ; la proportion est aujourd’hui inversée et seuls sept metteurs en marché élaborent des effervescents. Il faut dire que jusqu’à la première guerre mondiale, le champagne et le saint-péray se vendaient au même prix.

Le vignoble connut comme les autres l’oïdium, le mildiou et le phylloxéra, ainsi que les crises et désaffections du marché. Mais l’histoire fut aussi celle des rapports de force entre vignerons et négociants (qui furent jusqu’à 25 en 1906). Les négociants, malgré une AOC obtenue le 8 décembre 1936, délaissaient les raisins locaux pour produire du mousseux grâce à des achats extérieurs. Ainsi, entre 1946 et 1950, 4 556 hectolitres de mousseux dits « de Saint-Péray » furent produits, contre 918 hl d’effervescents d’appellation saint-péray… Entre 1936 et 1952, 60 % du vignoble disparaît.

Cette histoire riche fourmille d’anecdotes à découvrir : le qualificatif « d’agité » donné au saint-péray mousseux au XIXe siècle ; l’utilisation ancienne de la syrah pour faire du vin blanc ; le domaine du Tunnel qui a son chai dans un ouvrage de l'ancienne voie ferrée ; la présence d’un coteau de « Hongrie » en pleine Ardèche… Durant la Révolution, le nom de « Saint-Péray » fût changé en « Péray Vin Blanc ». Eloquent, mais curieux si l’on sait que l’étymologie de « Péray » est « Pierre de l’eau »… (A la même époque, la commune de Saint-Bohaire (Loir-et-Cher) devint « Bienboire »…)

Le destin de Saint-Péray se joue aujourd’hui. Le terrain de jeu est immense : 1 200 hectares relèvent de l’appellation, à protéger contre l’urbanisation (d’excellents terroirs ont déjà disparu). Tout n’est pas exploitable en raison de la forte pente, un découpage plus précis de l’appellation est possible, mais on s’accorde à dire qu’un potentiel très qualitatif de 300 hectares est bien là…

Oenotourisme anniversaire

Côté œnotourisme, Saint-Péray fait partie de la destination Vignobles & Découvertes De Cornas en Saint-Péray. L’active Confrérie du Saint-Péray anime la Saint-Vincent et, début septembre, un marché aux vins.

Ces jours-ci, l’appellation fête ses 80 ans avec une exposition élaborée par Claire Chambon (à la médiathèque de Saint-Péray), un très intéressant livre 24 siècles d'Histoire et 80 ans d'AOC écrit par François Baudez, et un film de témoignages Saint-Péray, Paroles d’un terroir.

C'est le moment d'aller découvrir sur place l'avenir de l'appellation...


Saint-Péray
www.saint-peray.net

A lire sur le net :
Saint-Péray, centre viticole et vinicole
http://www.persee.fr/doc/rga_0035-1121_1946_num_34_4_5233

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