Il ne s’agit pas là d’un énième diaporama sur les poncifs habituels de l’histoire du vin, mais du résultat d’un travail considérable effectué autour de l’initiatrice par un conseil scientifique, des artistes (comme le peintre Henri-Dominique Lacas), des scénographes… Le Vinopanorama est plein d’enseignements sur l’histoire originelle, celle des Etrusques, celle du premier buveur, du premier service à boire. On apprendra aussi que chez les Etrusques le vin était parfois mêlé de fromage de chèvre, ce qui nécessitait de le servir en le filtrant avec une cruche à trois becs. La continuité de la civilisation du vin Mais c’est également la continuité viticole extraordinaire de la civilisation du vin dans le Languedoc qui est intelligemment révélée. Aux canthares succèderont les verres à pied et les calices ; aux amphores, les terrailles (toute poterie servant de contenant). Les gestes vignerons, comme le foulage du raisin, se continuent à travers les siècles. Les outils, comme les serpes et serpettes, ne changeront guère de forme jusqu’au XXème siècle. Idem pour l’architecture des exploitations viticoles. Ou même pour le hautbois des musiques languedociennes, hérité des musiques méditerranéennes. Ou encore, avec les autels des ancêtres qui se continuent dans la crèche. Les aquarelles d’un peintre anglais, le voyageur Henry Newman, observateur subtil de la vie rurale locale, montrent ces éléments de continuité au XIXème siècle. Sans le savoir, nous poursuivons le passé. Il y a dans cette réalisation un acte militant. « On est en train de faire comme s’il n’y avait pas de passé, or le vigneron n’existe pas sans le passé », avertit Jocelyne Bonnet, qui en 2012 organisait à Calvisson - dans le cadre du réseau universitaire Eurethno - un colloque « Patrimoine vigneron européen », dont les actes sont attendus. La réalisation du Vinopanorama repose sur quelques principes forts : le bénévolat des participants ; le souci de la précision scientifique pour chaque phrase, pour le moindre visuel ; le besoin de faire sortir des documents habituellement enfermés ; le désir de transmission et de pédagogie ; le souci d’intéresser et de passionner. Il met à la disposition des vignerons et des territoires touristiques un patrimoine d’une grande richesse, méconnu, voire même ignoré. Assis sur des trésors ignorés Chaque archéologue, chaque historien de l’antiquité ou médiévaliste, chaque ethnologue… nous dit que nous avons sous nos vignobles, dans nos villages viticoles et nos paysages des trésors, des richesses, des patrimoines. Ce ne sont pas des châteaux, des églises, des tours, des murailles… mais les héritages de la civilisation du vin qui est la nôtre, « l’oenoculturel » sur lequel nous marchons à chaque instant. On pourrait continuer à ne pas y attacher d’importance, en cette période où seul compte l’économie, les chiffres d’affaires, l’argent… Sauf que ces héritages sont de réelles richesses sur le plan de l’économie touristique et oenotouristique. Ils intéressent les amateurs de vin et de tourisme vigneron, assoiffés autant d’histoires que de dégustations. La clientèle chinoise, par exemple, que l’on souhaite attirer de plus en plus, est fascinée par l’histoire surtout quand elle touche au mythe et au mystérieux. C’est bien évidemment un avantage concurrentiel - la Géorgie, le Portugal, la Hongrie l’ont déjà compris - d’avoir à sa disposition de telles ressources narratives, et de les mettre en scène et en récit. Encore faut-il que les acteurs de nos territoires les connaissent… Et la révélation de La Liquière est encore loin d’être connue… |