La fabrique du souvenir instantané
Comment mieux fabriquer du souvenir qu'en prenant une photo ? Selon le mot d'Ansel Adams, « on ne prend pas une photo, on la crée ». Prendre une photo, c'est comme acheter - consommer - un « souvenir » dans la boutique du musée (après avoir traversé en coup de vent - comme bien des visiteurs - les salles d'exposition). Photo ou objet, le touriste veut créer, prendre, emporter du souvenir. Le vrai changement, c’est qu’aujourd’hui le touriste peut tout faire en même temps : le selfie est une expérience valorisante condensée dans une photo qui est un récit et un souvenir instantanés pour une audience présente sur les réseaux sociaux. Narcissisme ? Oui, mais subtil. Si le touriste livre des images valorisantes, de par l’endroit où il se trouve (« the place to be ») ou les gens avec qui il est… il n’en fait pas une histoire : il est cool et fun. D’où parfois les « duck face » et autres grimaces qui soulignent la distance que le sujet marque avec sa « Que-du-bonheur expérience ».
Il faut garder tout ceci à l’esprit lorsqu’on accueille des visiteurs, des touristes, des oenotouristes. L’objectif est de multiplier les occasions de donner aux gens ce qu’ils souhaitent : une expérience, une histoire valorisante, un objet ou une image qu’on a envie de partager tout de suite, de rapporter et de raconter. Générer des selfies sera plutôt bon signe… |