A la poursuite des cépages modestes

Article du 18-10-2011

 

Disons-le d’emblée, le monde des variétés de vignes, des cépages, est un univers fabuleux. Le nombre de 6.000 est raisonnablement avancé par Jean-Michel Boursiquot de l’INRA, autorité en la matière qui intervenait aux Rencontres du Clos -Vougeot sur la biodiversité début octobre.

6.000 cépages ou 332 ?

La collection la plus importante du monde pour la vigne cultivée (Vitis vinifera L.), celle du Domaine de Vassal héberge quant à elle 2.300 variétés.

Or le Catalogue Officiel qui recense les variétés autorisées à la plantation n’en comporte que 332…

Avilissement

L’érosion génétique a été initiée au XIXème siècle par les maladies cryptogamiques et l’invasion du phylloxéra, puis s’est accrue au XXème en raison d’une recherche de productivité, des règlements d’AOC, et d’une focalisation sur des cépages mieux maîtrisée ou plus connus…

En 1958, les 20 cépages les plus importants représentaient 53% du vignoble français - ce chiffre est passé à 86% en 2006.

Les spécialistes parlent d’avilissement, et de perte irréparable pour la diversité.

Irréparable ? Peut-être que non. Un peu partout en France, des passionnés, souvent bien sûr des vignerons, mais aussi des amateurs de patrimoines vitivinicoles, sont partis à la recherche de ce riche patrimoine des cépages oubliés.

 

Le début d’une saga, celle du patrimoine ampélographique

En premier lieu, rendons justice à l’INRA, qui a voulu mettre en place dans les régions des « conservatoires-réservoirs » - selon l’expression de Laurent Audeguin, responsable Sélection, recherche et développement de l’IFV-INRA - visant à maintenir la diversité des variétés mais aussi intra-variétale.

On notera aussi parmi les premiers activistes de la diversité ampélographique le groupement coopératif gerso-béarnais Plaimont (depuis 25 ans !), dont les vignerons sont incités à maintenir des cépages en perte de vitesse et qui entretient aujourd’hui une vingtaine d’espèces originales.

A Gaillac, Robert Plageoles, autre pionnier, fait des émules : on parle beaucoup de Damien Bonnet au Domaine de Brin…

Un peu partout, on se penche sur le petit meslier et l’arbane (Champagne); on remet au goût du jour le chauchet (pineau des Charente), le mollard (Provence) ou le riverenc (Minervois-La Livinière)…

En Savoie, le Centre d'Ampélographie Alpine Pierre Galet (CAA-PG) a pour objectif de compléter la liste des 129 cépages actuellement répertoriés dans l'arc alpin.

Tout près, l’Isère se distingue particulièrement avec des vignerons comme Thomas Finot (avec le cépage étraire de la Dhuy), ou Michael Ferguson (la verdesse) ou encore une association du Trièves.
Déjà ces initiatives sont couronnées de succès.

Ainsi le vigneron Nicolas Gonin (en Isère toujours) vient d’obtenir (le 29 septembre) le reclassement administratif du bia, le cépage blanc mythique de la viticulture pré-phylloxérique Isèroise. Après 150 ans d'absence, ce cépage va refaire surface dans le paysage viticole français.

Le cépage, bannière marketing

Le cépage original s’affirme de plus en plus comme un élément clé d’une stratégie marketing. Le Chili agite le drapeau du carménère. Le couple Cahors Malbec va se traduire par une route des vins internationale (avec l’Argentine).

Qu’attend l’AOC Fronton, avec sa négrette (alors que les cuvées 100 % négrette sont autorisées depuis 2008) ?

 

Cette saga des cépages va connaître dans les prochaines semaines des manifestations importantes.

Les Premières Rencontres des Cépages Modestes

En effet, les premières Rencontres des cépages modestes auront lieu samedi 29 et dimanche 30 octobre dans l'Aveyron.
L’association Rencontres des cépages modestes a été créée cette année - pour défendre les cépages oubliés, peu connus, modestes et leur consacrer un festival annuel - par le chroniqueur Philippe Meyer avec la complicité de Jean Rosen (directeur de recherches au CNRS), André Deyrieux (www.winetourisminfrance.com), Emmanuel Giraud (artiste et journaliste), Antoine Pavageau et Alexis Dupont.

Les rencontres réuniront passionnés, spécialistes des cépages oubliés, activistes de la reconstruction de vignobles et vignerons, autour d’un programme de moments conviviaux et de débats ; sur le fer servadou (ou mansois ou braucol), sur la lutte contre l’uniformisation du goût par le degré et sur « la défense et de l'illustration des cépages modestes ».

Citons parmi les intervenants : Olivier Yobregat, ingénieur agronome-œnologue (IFV), Philippe Teulier, président de l’AOC Marcillac, Jean-Marc Auméras, ancien caviste de la région, Nicolas Carmarans, vigneron installé à Campouriez (Aveyron), Marcel Richaud, vigneron de Cairanne, Antony Tortul, du domaine de la Sorga dans l’Héraut, Robert Plageoles, pionnier des cépages en danger de Gaillac, Michel Grisard, président du Centre Ampélographique Pierre Galet de Montmélian, Anne Deplaude, du Réseau « Vignobles et Cépages rares » et de l’Association pour la Restauration et le Développement du Vignoble des Coteaux du Gier

Rencontres des Cépages Modestes
Informations pratiques
Lieu : "Espace Angèle Merici"
Couvent de Malet
12500 Saint-Côme-d'Olt (près d'Espalion)
Il faut prendre la D987 direction "Aubrac" depuis Espalion

Merci de signaler sa participation à cepages.modestes@gmail.com
Repas sur réservation
Prix d’entrée : 20 €
L’entrée aux rencontres donne droit à l’adhésion à l’Association et vice versa
Et l’adhésion comporte le droit « d’adopter » virtuellement un cépage modeste (liste fournie…)

http://cepagesmodestes.blogspot.com/

 

Une journée des Vignobles Oubliés

On notera également l’organisation d’une Journée d’échanges et de réflexion « Quel avenir pour les vignobles oubliés ? » le 14 novembre à Lyon, autour des thémes ; Le foncier et l’installation, quels enjeux pour les vignobles oubliés - Vignobles oubliés : des essais transformés … - Vignobles oubliés : quelles clés pour un équilibre économique.

Interviendront Claude Comet (Conseillère Régionale en charge du Tourisme et de la Montagne), Yvon Minvieille (vigneron au Château Lagarette et sociologue), Bruno Dombey,(Président de l’Association pour la Restauration et le Développement du Vignoble des Coteaux du Gier), Gilles Barbe, Président de l’association « Vignes et Vignerons du Trièves », Jérôme Prouheze (ancien directeur du SIVOM Grand Site des Georges du Tarn, de la Jonte et des Causses en Lozère), (Michel Breuil, Président de la SCA Coteaux de la Vézère en Corrèze).

Participeront également aux débats des représentants de la Région Rhône-Alpes, de la CRESS, de la DATAR Massif Central, du Conseil Général du Rhône, du Comité de pilotage viti-vinicole et de la DRAAF Rhône-Alpes.

Lyon Confluence
Région Rhône-Alpes
Esplanade François Mitterrand
69269 LYON CEDEX 02

Accès gratuit sur réservation préalable et dans la limite des places disponibles : ardvcg.asso@voila.fr
Informations complémentaires : ARDVCG – Anne Deplaude
04 77 75 91 20 – vignobles-cep.rares@voila.fr

 

A lire aussi : Les cépages oubliés ont de l'avenir

 

 

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