 « Ainsi, par sa prouesse, feurent desconfiz tous ceulx de l’armée qui estoient entréz dedans le clous ».
Quel Frère Jean des Entommeures défendra aujourd’hui à l’appel de la Bourgogne les clos de vignes ? La commission européenne s’apprête en effet à autoriser les producteurs des Etats-Unis à commercialiser des « clos » (le mot est souvent utilisé dans des marques déposées, comme le Chardonnay Clos du Bois) sur le marché européen. Or l’usage du terme est réglementé en France (voir ci-dessous le décret du 4 mai 2012), à l’instar des termes également menacés « Domaine », « Château », « Cru » ou « Hospices »… Au-delà de ce débat actuel, il faut reconnaitre que malheureusement, l'abandon des « clos » - parcelles de vignes effectivement closes de murs – en tant que patrimoines viticoles bâtis - ne date pas d’aujourd’hui. Les clos étaient autrefois présents dans tous les vignobles ; ils étaient particulièrement nombreux dans certains d’entre eux (Saumurois, Anjou, Bourgogne…). Les clos matérialisaient une identité de patrimoine (les clos n’étaient pas soumis au ban des vendanges commun ; la date de vendanges était libre), témoignaient de la notabilité de leur propriétaire, présentaient des caractéristiques propres de terroir et de climat, et assuraient une relative protection contre les voleurs ou les animaux. Compliqués à entretenir, gênants pour l’extension de la viticulture industrielle, ils ont largement disparu au fil du XXème siècle, et pour parachever cette extinction, l’INAO n’a reconnu des appellations liées aux clos que dans quelques cas bourguignons particuliers… Pourtant, dans ces cas-là, comme dans d'autres (en Saumurois, avec le Clos Cristal, mais aussi évidemment en Champagne avec les Clos des Goisses, du Mesnil…), ceux qui ont su garder leurs clos en tirent d’indéniables avantages marketing. Une preuve de plus de l'intérêt de ne pas détruire son patrimoine : le passé a de l'avenir...
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Décret n° 2012-655 du 4 mai 2012 relatif à l’étiquetage et à la traçabilité des produits vitivinicoles et à certaines pratiques oenologiques « Art. 7. − Les mentions : « château », « clos », « cru » et « hospices » sont réservées aux vins bénéficiant d’une appellation d’origine protégée lorsque les vins sont issus de raisins récoltés sur les parcelles d’une exploitation ainsi dénommée et vinifiés dans cette exploitation. (…) Le terme : « clos » peut également être utilisé pour des vins bénéficiant d’une appellation d’origine protégée : a) Issus de raisins provenant exclusivement de parcelles de vignes effectivement délimitées par une clôture formée de murs ou de haies vives ; ou b) Dont l’appellation comporte ce terme. » * * *
Autre récente atteinte au patrimoine vigneron, concernant la Colline de l'Hermitage : ICI
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