 Ce livre n'est pas un guide, prévient d'emblée Jean-Claude Ray, l'auteur de Vignerons rebelles. Il s'agit de présenter au lecteur ce qui se passe avant que le vin n'arrive dans son verre : nature du terroir, travail de la terre, vinification, élevage...
Pas de commentaires de dégustation donc, même si l'appréciation de certaines cuvées coule de source et de la plume de l'auteur. Un carnet "d'adresses précieuses" clôt d'ailleurs l'ouvrage. Des sols morts Constat de départ, un bilan particulièrement lourd. L'état des sols agricoles de France est "absolument catastrophique". Les sols - et les eaux - sont empoisonnés, malades, morts. En ouverture du livre, les réponses de Bruno Quenioux (sommelier) à une question simple sur le désherbage des vignes déroulent une spirale infernale. Les herbicides conduisent à utiliser des bactéricides dont l'action contraint à user d'acaricides. En fin de compte, le terroir est mort; les vignes "doivent" alors être dopées. Sulfites, levures exogènes... "doivent" être administrés en masse. A l'horizon proche : les OGM... S'adressant au citoyen-consommateur, l'ouvrage - engagé - désigne les coupables : l'agro-alimentaire, la FNSEA, les coopératives, les banques, l'industrie phyto-sanitaire et la pétrochimie, la fausse science qu'est l'oenologie... En finir avec la viticulture chimique Rebelles, les 62 vignerons rencontrés - dans tous les vignobles de France - et racontés, le sont pour plusieurs raisons.
Parce qu'ils sont considérés comme tels par le "lobby industriel de l'establishment agricole". Parce qu'ils veulent produire des bons vins " et non des breuvages agro-alimentaires à base de raisin" (Nady Foucault). Parce qu'ils veulent ressusciter les sols et obtenir des terroirs de haute qualité, qui s'amélioreront de génération en génération.
Peu importent - en première analyse - les bannières portées haut dans ce combat ; bio, biodynamie, culture raisonnée... Il s'agit de passer d'une agriculture chimique à une agriculture éco-systémique. Concrètement, le catalogue des pratiques vertueuses est impressionnant. Quelques exemples seulement. Pour ce qui est de la vigne ; sélection massale, rendements moyens ou faibles, vendanges à maturité et manuelles par des équipes formées au respect des raisins. Pour la culture, il faut éviter toutes les causes de tassement des sols, labourer, décavaillonner avec précaution. Les NPK (engrais), produits phytosanitaire, désherbants sont proscrits. L'enherbement actif est préconisé. Les pratiques bio ou BD (biodynamie) sont largement expérimentées. La vinification est douce, non-violente (pressurage lent, respect des levures indigènes, sulfitage limité, filtration par gravité...). Le respect de l'environnement est omniprésent : entretien des haies, dépollution des effluents de vinification, refus de la monoculture... |