 Le vin a sa rentrée littéraire : interdit de ne pas lire ce livre ! Difficile sans trop en dire de raconter un livre construit autour d'une énigme nouée sur un siècle et demi, entre l'exposition universelle de 1855 et aujourd'hui, entre les caves d'un collectionneur et les méandres d'un ruisseau du Médoc, entre les salles des ventes et les rives de la Baïse. Géographie, poésie, histoire, géologie, pouvoir et argent... ce sont bien des facettes du monde des grands crus que l'on approche, autour de ce mystérieux 58ème cru éliminé du classement de 1855 par Jérôme Bonaparte : la "Louise Soussans" ou "Margaux dit de La Louise" avec un cachet gravé en creux "Interdit d'en vendre". Une sorte de cousin de ces vieux flacons du château Bel Air Marquis d'Aligre qui portent, moulée dans le verre, l'injonction "Défendu d'en laisser". Et sur une trame d'enquête policière et de quête fantastique quelle belle galerie de portraits, les experts, les commissionnaires et les commissaires-priseurs, les courtiers et les grands amateurs, les fins palais et les acheteurs, autant de passions pour le vin, de délires et de folies même, vécues et écrites de l'intérieur par un fin connaisseur.
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Le chapitre "Le collectionneur" est un magnifique morceau de bravoure. Il y organise la mise aux enchères "post mortem" de ses sept caves - quatre mille six cent soixante quatorze bouteilles, une valeur estimée à 6 383 500 euros. Le catalogue fabuleux et baroque va des sept cuvées de Bonnezeaux du Château de Fesles 1947 au Schwarzhofberger Trockenbeerenauslese d'Egon Müller (1971), de verticales du Clos des Goisses au Musar 1972, d'une "caisse d'Anne Gros, avec le Clos Vougeot, le Richebourg et l'Echezeaux" au Laville-Haut-Brion CT 1982 (classé dans les vins liquoreux, "un petit clin d'oeil" parce qu'une "bonne vente, c'est aussi une vente où les gens sont gais") en passant par "tout Yquem depuis 1868", une "caisse de 6 millésimes de Screaming Eagle" et "deux caisses de Sassicaia sur 24 millésimes". Treize pages de ravissement et d'amour des vins... "et ils parlent de produit agricole, quand c'est de labeur, de douleur, de vie et de mort qu'il s'agit ?"
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Au surplus, l'un des chapitres fournit une idée de promenade "oenotouristique" en suivant la Louise, aux environs de Virefougasse, de la Tour de Bessan et de Soussans. L'itinéraire n'est pas forcément très confortable, mais le livre donne envie de mettre ses pas dans ceux de l'histoire, comme le Da Vinci Code a donné à ses lecteurs l'envie d'aller voir Saint-Sulpice, le Louvre ou la chapelle Rosslyn... Margaux interdit est le premier roman de Gilles du Pontavice, expert en vins et éditeur de l'argus des vins VinorumCodex.com Il publie son blog à l'adresse http://vinorumcodex.blogspot.com Margaux interdit Gilles du Pontavice Editeur La Truite de Quenecan 15 € www.abebooks.fr/ ACHETER L'OUVRAGE
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