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Le drame du virus et du confinement vient de le démontrer. La vente de vins, sa consommation ont chuté. Pour la consommation dans les cafés et les restaurants bien sûr puisqu’ils sont fermés. Dans la grande distribution, chez les cavistes aussi même s’ils s’organisent pour la livraison à la porte (résurrection de l’ancienne vente à huis coupé et pot renversé) ou à domicile. Le consommateur n’est plus là. L’heure n’est pas à la fête ; on annonce une chute des ventes supérieure à 60 % pour le Champagne. Surtout, le vin n’est plus une boisson culturellement ancrée dans les comportements de consommation. Ce coup d’arrêt n’est pas paradoxal au vu de la consommation de vin depuis vingt ans : elle a chuté de 28 %. Il faut donc avoir présent à l’esprit qu’un œnotourisme qui ne s’adresserait qu’à un public d’amateurs pointus de vin (les Mimi, Fifi et Glouglou du dessinateur Michel Tolmer), se limiterait à une population honorable mais limitée. Ces dernières années, l’œnotourisme a pu progresser grâce à la floraison d’événements œnogastronomiques, de balades et d’escapades gourmandes, attirant une clientèle épicurienne amatrice de bons moments, de petits plats, de musique, de soleil et (mais juste un peu) de vins. Cette offre pléthorique est peut-être un peu répétitive aujourd’hui et peut risquer de lasser. L’œnotourisme aujourd’hui doit conquérir une clientèle nouvelle, celle des touristes, les touristes classiques qui résident loin ou tout près, les amateurs de paysages, d’art, de culture et d’histoire, ceux qui vont quelque part pour comprendre la personnalité originale des destinations qu’ils visitent. Cet été nous irons dans les vignes Les vignobles ont des richesses à profusion pour cette clientèle. Encore faut-il montrer qu’un vignoble (ses lieux, son histoire, sa dynamique géohistorique) n’est identique qu’à lui-même. Il faut donner la compréhension et le goût des spectacles culturels que constituent les différents vignobles. Cela demande de raconter autre chose que nos 450 AOC et IGP. Ça tombe bien parce qu'un vignoble c'est bien plus que du vin et que mille histoires distinguent nos vignobles les uns des autres. Alors, oui, cet été nous irons dans les vignes. Parce que les vignes, ce sont des rencontres. Parce que les vignes, ce sont des jours heureux. Les vignes, ce sont des sagesses. mais surtout parce que les vignes, ce sont des patrimoines œnoculturels, ce sont des histoires. Non tant pour apprendre que pour comprendre. Pour comprendre notre histoire, nos traditions. Et finalement, comme disait Anatole France, « ce n'est qu'avec le passé qu'on fait l'avenir », du moins un avenir qu’on aimera.
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