 Conformément à ce que certains envisageaient, contrairement à ce que prévoyaient bien d’autres, le tourisme reprend son cours habituel. Heureusement, il y aura un été. Il en est de même pour l’œnotourisme. Mais bien sûr, certains rêves de changement s’évanouissent aussi. Les objurgations de tourisme local (« Evadez-vous près de chez vous », « Le tourisme local est un acte citoyen. »), de tourisme durable, de tourisme au calme, hors zone littorale, risquent de rester lettre morte. Les Français maintiennent (avec une courte majorité) leurs vacances, leurs destinations et leurs budgets. Les pays européens ouvrent leurs frontières. « Cet été, partez en train à l’autre bout du monde », annonce le 3 juin la SNCF. De plus, aux pertes économiques déjà enregistrées, s’ajouteront sans doute celles dues aux contraintes de sécurité sanitaire, et à des tensions sur les prix, notamment pour les offres peu originales. Que faire ? Que faire ? Tout bien considéré, le travail qui reste à accomplir pour les destinations de vignobles n’a pas changé. Il a trouvé par contre une nouvelle justification dans le fait que l’œnotourisme doit toucher de nouvelles clientèles, plus locales, moins connaisseuses en vins (comme nous l’écrivions le 20 avril : Œnotourisme : le vin n'y suffira pas). Quels sont les moteurs psychologiques du touriste ? Le touriste se déplace sur une destination visible, qui apporte des promesses de rencontres, d’expérience et de souvenir. Chaque vignoble - comme toute destination touristique - doit se poser les questions suivantes : suis-je visible et lisible ? suis-je attirant ? Qu’est-ce que je promets aux trois clientèles de l’œnotourisme ? Est-ce que j’offre aux amateurs œnophiles une expérience de perfectionnement ? Aux épicuriens un incomparable moment d’art de vivre ? Aux touristes curieux et cultivés une occasion de découverte de l’histoire et des patrimoines du vignoble ? Est-ce que j’offre enfin à mes visiteurs de quoi se souvenir et raconter ? Tout cela n’a pas changé, mais est-ce fait par les vignobles ?
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Alors, vraiment comme avant ? Cette crise, sur le moyen terme, a sans doute, pour certaines clientèles, modifié des comportements de fond : envie de grands espaces, besoin de fuir la promiscuité, besoin de sens, de ressourcement, de retour aux racines. Il faut protéger l’avenir. C’est-à-dire protéger les paysages (des éoliennes, des bâtiments industriels et commerciaux), valoriser une viticulture holistique, respectueuse de son écosystème. Des initiatives s’affirment pour la protection des paysages en terrasses (ITLA - International Terraced Landscape Alliance), le développement de la biodiversité, l’agroforesterie, la diversité ampélographique… Il faut valoriser le passé et les patrimoines œnoculturels (voir : Le mode d’emploi de l’œnotourisme culturel), s’adresser aux besoins de découverte et de compréhension du territoire du vignoble (voir : Qu’est-ce qu’un vignoble ?) des visiteurs mais aussi des populations locales, résidents anciens ou nouveaux. Il faut offrir ainsi du sens, de l’ADN plus que du slogan creux, et s’éloigner de tout ce qui n’est pas authentique. Cette approche fondamentale est un investissement ; elle servira pour l’avenir, et non simplement pour un présent, demandeur avec raison de sécurité sanitaire (un classement des destinations les plus sûres a déjà été effectué par la plateforme European Best Destinations - EBD), de parcours individualisés, de locations vigneronnes familiales, de visites privées.
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