Les Vignerons de Cascastel, il y a un lézard !

Article du 02-11-2020

À bien y regarder, les coopératives viticoles – environ 600 en France – sont pour plusieurs raisons à même d’être les porte-paroles de leurs territoires. Elles regroupent de nombreux adhérents présents sur des surfaces importantes ; elles sont souvent indissociables de leurs communes d’origine ; leur histoire plus que centenaire en fait de pertinents transmetteurs de mémoire.

Heureusement, en plus d’avoir, pour nombre d’entre elles, opéré un virage vers la qualité et vers toutes les composantes d’un travail moderne sur la viticulture, la vinification, l’œnologie, le marketing et le commercial (sans parler de l’installation de jeunes vignerons), elles ont de plus en plus conscience de représenter un vignoble, un territoire, avec son histoire, ses patrimoines naturels ou matériels, et d’avoir un rôle, un devoir, dans la préservation et la valorisation de cet héritage.

Prenons l’exemple de la cave des Vignerons de Cascastel, à Cascastel-des-Corbières (la commune et la cave ne font presque qu’un mais la cave couvre d’autres villages), qui valorise son territoire et son action avec un lézard ! Oui, un lézard. Mais situons déjà la cave.

Le monde Corbières

Les Corbières sont dans l’Aude, uniquement. Mais le vignoble, qui occupe le versant sud-est du massif des Corbières est vaste ; il couvre 15 000 ha et va de la Montagne Noire aux Pyrénées, de Leucate et la Méditerranée à Carcassonne.
Plusieurs terroirs, onze, ont été mis en évidence : Sigean des étangs et du littoral ; Fontfroide près de Narbonne ; Boutenac aux trois cours d’eau (l’Orbieu qui traverse une large part des Corbières, la Nielle, l’Aussou) ; Lézignan et Montagne d’Alaric le long de l’Aude ; Serviès, le plus à l’ouest ; Termenès, le plus élevé (400 m – 600 m) ; la terra rossa de Lagrasse ; le plateau de Saint-Victor ; Queribus dans la vallée du Verdouble ; et enfin Durban – qui recoupe largement le haut de l’appellation Fitou – des schistes et de l’argilo-calcaire au cœur d’un cercle de monts (600 mètres d’altitude) dans les vallées de la Berre et du Barrou.
En termes de labellisation Vignobles & Découvertes, on est dans la destination œnotouristique « Les Vignobles de la Via Domitia en Languedoc » (cette voie romaine longeait la mer : Narbonne, Salses, etc.).

Cascastel-des-Corbières

Pour venir à Cascastel-des-Corbières, dans le terroir de Durban, il faut s’éloigner d’une vingtaine de kilomètres de la côte méditerranéenne, par exemple à partir de Portel-des-Corbières : la route longe une jolie vallée d’apparence sauvage, la vallée du Paradis (une IGP porte ce joli nom), le long de la Berre. On passe le petit tunnel de Ripaud, ouvert en 1902 pour le train des Corbières (Ripaud-Tuchan) qui acheminait vers Narbonne les barriques de vin. On découvre ensuite au confluent de la Berre et du Barrou le village et le château de Durban puis à Villeneuve-les-Corbières, on tourne vers Cascastel-des-Corbières.

La cave (directeur Atmann Afanniss, président Geoffrey Fabre ) compte soixante vignerons actifs, 850 hectares, cultive carignan, grenache et syrah, et privilégie la macération carbonique. Côté vins (Corbières, Fitou, Vallée du Paradis, Rivesaltes), les cuvées présentent un grand intérêt : cuvées bio (comme Nouvel Élan), expérimentation d’une cuvée sans soufre, élaboration d’une gamme en « clubs de vignerons » (sélections parcellaires ou thématiques).
Côté environnement et développement durable, outre une certification HVE 3, la cave a sa propre démarche interne, baptisée REVE : Respect de l’Être humain, de la Vigne et de l’Environnement.
Les « vignerons artisans » de la cave mènent une action conséquente en faveur de la biodiversité du vignoble ; ils ont noué un partenariat avec la miellerie des Clauses, ils ont lancé une action originale avec un autre partenaire, un saurien, qui pourtant avait la réputation dans certaines croyances populaires de sauter à la gorge des vignerons !

Le Timon lepidus, totem de la cave et du territoire

Le lézard ocellé (Timon lepidus), d’une belle robe verte à taches bleues, existe depuis plus de deux millions d’années mais fait partie des sept espèces de reptiles menacées d'extinction en France. C’est le plus grand lézard d’Europe ; il mesure jusqu’à 90 cm de long. Il vit dans certaines vignes et broussailles méditerranéennes, s’abritant dans les murets et chassant les insectes au soleil.
Les Vignerons de Cascastel ont noué un partenariat en 2018 avec des associations d’herpétologie (l’AHPAM et l’ECODIV étudient les amphibiens et les reptiles). Objectifs : la préservation et l’étude de l’espèce ; la restauration de son cadre de vie et de son habitat par un enherbement des tournières et une restauration de longue haleine des murets de pierre du vignoble (avec l’ESAT l’Envol de Narbonne) ; la sensibilisation des vignerons et du public aux enjeux d’environnement et de patrimoine. Un sentier d’information est en cours de création qui dévoilera en outre quelques-uns des magnifiques points de vue paysagers au-dessus de Cascastel.

Cette action riche en sens et en actions se concrétise aussi par la cuvée Timon lépidus (joli merlot en IGP Vallée du Paradis) : pour chaque bouteille vendue, un euro est versé pour la restauration des murets.

Le patrimoine naturel du territoire a son totem, le Timon lepidus ; il a son porte-parole, la cave coopérative.

https://www.vin-cascastel.com/

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