 C'est à l'occasion d'un récent, et exaltant, dîner chez Nicolas Le Bec que l'envie nous a pris d'aller voir de plus près ce qui se mijotait, non pas en cuisine, mais en sous-sols. Dans la cave, que d'aucuns nous disaient glorieuse.
Un matin d'avril, donc, au 14 de la rue Grolée, nous attendaient le chef lyonnais, 32 printemps et une étoile au Guide Michelin, accompagné de Paul, son sommelier de huit ans son cadet. Un jeune duo qui bouscule aussi bien les habitudes dans les assiettes que dans les verres. A quelques mètres de profondeur, dans les entrailles du loft contemporain de la Presqu'Ile lyonnaise, se terre un véritable trésor. Six mille bouteilles et six cent cinquante références de vins, exclusivement issus de terroirs français, se reposent tranquillement, entre 12°C (pour les blancs) et 17°C (pour les rouges). Un magot estimé à 230 000 euros. Surtout, un paradis bachique qui honore les petits propriétaires de Bourgogne, de Loire, de la Vallée du Rhône, du Languedoc, d'Alsace et du Bordelais. « Je ne veux mettre en avant que les plus domaines français » s'enthousiasme Nicolas Le Bec, les yeux pétillants sur un saint-émilion château Angelus 1951.
Un chef qui a du nez
Gangloff en côte-rôtie (seulement une vingtaine de bouteilles !), Dagueneau en pouilly-fumé, Gérardin en meursault, Lapierre en morgon (dont deux magnums millésime 2003, tirés à 12 exemplaires), Prieuré-Roch en nuits-saint-georges, Camuzet en vosne-romanée, Chave en hermitage, on en passe et des meilleures. Le redouté Guide Rouge qui attribue fourchettes et étoiles ne s¹était pas trompé : au 14 de la rue Grolée, le livre de cave « glorifie l'Hexagone ». « Mon palais est naturellement taillé pour la cuisine. Au fil du temps, je l'ai exercé au vin » poursuit Nicolas Le Bec qui, décidément, a du nez. « La carte des vins est très personnelle. Je fais les choix et il valide » continue Paul, le sommelier passionné. Son vin est comme la cuisine de Nicolas Le Bec : brute, mais équilibrée et harmonieuse, innovante et gourmande. Que l'on soit expert, comme la grande majorité des habitués des lieux qui savent exactement ce qu'ils veulent boire, ou simple amateur de choses agréables, c'est « l'émotion » qui prime rue Grolée. Une adresse définitivement incontournable.
Gaspard Lhermé
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