Que recherchent les amateurs ? Des histoires excitantes et palpitantes. Les diversités locales du monde du vin. Ils veulent découvrir ce que chaque région, chaque appellation peut offrir de mieux, d’original, d'incomparable. Diversité ampélographique, apparition ou réapparition de nouveaux pays du vin, extension des pratiques culturales et de vinification, diversification des modes de consommation… bien des facteurs contribuent à l’explosion amorcée d’un véritable maelstrom gustatif. La nouvelle vague des cépages
Quelques cépages internationaux (Merlot, Pinot noir, Chardonnay, Zinfandel...) ont caché de leurs cuvées monocépages la vaste forêt ampélographique que les auteurs de l'ouvrage Wine Grapes ont chiffré à plus de 1.300 variétés (en raisins de cuve s'entend). Aujourd'hui, certains pays brandissent leurs cépages nationaux comme des oriflammes : le Chili avec le Carmenere, l'Argentine avec le Malbec, l'Allemagne avec le Riesling, l’Uruguay avec le Tannat, l'Autriche avec le Grüner Veltliner... – avec le risque qu’à l’échelle d’un pays, cette manière de voir ferme un peu trop l’avenir, comme cela est déjà perceptible avec le Sauvignon en Nouvelle-Zélande. En fait, une grande partie de la mappemonde œnologique du futur va se dessiner avec cette multitude fabuleuse de cépages régionaux, autochtones, oubliés, aux expressions désormais révélées par l'absence de barriques, par des vinifications modernes (c'est-à-dire non technologiques), et par leur plantation sur leurs meilleurs (souvent ancestraux) terroirs... Le Portugal, la Grèce, l’Europe Centrale, la Turquie, la Géorgie (qui compte plus de 500 variétés de vignes..) comprennent peu à peu quelle est leur carte maîtresse. Il serait regrettable à ce moment précis de l’histoire, que la France se tire une fois encore une balle dans le pied en saccageant le patrimoine ampélographique du Conservatoire de Vassal, que le monde entier nous envie. Mille principautés viticoles
Quelques pays ont longtemps projeté une ombre puissante sur les continents du vin. Mais aujourd'hui, sur cette nouvelle planète, chaque terroir gorgé d'histoire viticole, y compris ceux un temps mal aimés, ou parfois malmenés, peut briller à nouveau : Tokay, Rivesaltes, Madère, Moselle, Marsannay, Valtellina… Certains pays attirent de nouveaux investisseurs, comme l’Arménie ou la République slovaque, tandis que les vignes rares suscitent un peu partout l’enthousiasme. De nouveaux territoires trouvent sur leurs sols des terres propices (la Chine, le Liban en dehors de la plaine de la Bekaa), d’anciens définissent de nouveaux terroirs (Etats-Unis), ou mettent en valeur toutes leurs nuances à l’image de la Vina Mosaica croate… Mouvements et bousculades
La variété des techniques culturales, et de vinification est également en expansion, avec une préférence croissante pour celles qui ont un moindre impact technologique (bio, biodynamie ou vins naturels), ou gardent un lien (ou renouent) avec le passé : complantation en Autriche, amphores au Frioul ou en France, ou oopkuipe (fermentation ouverte) en Afrique du Sud. Des appellations viennent bousculer, tout segment de marché égal par ailleurs, pourrait-on dire, les "marques" les mieux protégées. L’exemple de Cavas, Crémants, sparklings anglais, Prosecco se dégustant mieux que certains champagnes, est devenu un secret de Polichinelle. Tous ces mouvements sont nourris par une myriade d'initiatives et d’individualités vigneronnes, tandis que les modes de distribution, de consommation, de partage et de convivialité des vins se multiplient. On a même vu récemment apparaître – sur le modèle des micro-brasseries – des « urban wineries » aux Etats-Unis. |