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Le vin dans les natures mortes
Le tableau « Perdrix grise, flèche et gants » de Jacopo de Barbari marque la renaissance en 1504 du genre de la Nature Morte, pratiqué dès l’Antiquité et qui se poursuivra de Manet en Juan Gris, de Chardin en Pissaro jusqu’à nos jours. Les Natures Mortes eurent leur âge d’or au XVIIème siècle, notamment avec la peinture hollandaise. L’expression française elle-même, « Nature morte », date de 1756. Le vin est souvent présent dans les natures mortes. Il est suffisamment versatile pour jouer de multiples manières sa partie. Qu’il s’agisse du vin, des verres, des carafes, le peintre y trouve d’abord matière pour rendre avec virtuosité couleurs, reflets, transparences, anamorphoses… (comme le reflet de la fenêtre dans la « Nature Morte » de Joris Van Son). Mais il est aussi porteur de symboles multiples, souvent à plusieurs niveaux. Plaisirs et péché
Ainsi, le vin symbolise parfois les goûts de la vie, ou plus particulièrement le goût dans les peintures relatives aux cinq sens - sources de plaisir mais aussi… de péché - comme dans la « Nature morte à l’échiquier » de Lubin Baugin. Le verre est généralement à moitié vide, symbolisant, selon les cas, la tempérance, la coupe de la vie, qu’il nous faut boire, ou le temps qui passe. Nombre de ces natures mortes, les « Vanités », sont en effet destinées à souligner la vanité et la brièveté de la vie, la destruction inéluctable de la matière, la mort… Le verre de vin symbolise alors cette fragilité, surtout s’il est renversé et vide, comme dans la « Vanité avec violon et bille de verre » de Pieter Claesz. Vanité et Passion
Les verres richement ornés sont un hommage à l’excellence des verriers flamands mais, de manière ambivalente, symbolisent aussi la vanité de toute richesse terrestre (Pieter Claesz, « Nature Morte à la tourte entamée »). Le vin symbolise aussi le sang du Christ, sa passion et, en association avec le pain, l’Eucharistie, comme dans la « Nature morte aux œufs et coccinelle » de Georg Flegel. Enfin, le vin peut être, simplement, une invitation à la dégustation comme le « Dessert aux gaufrettes » de Lubin Baugin, qui comme accord mets-et-vins demanderait un verre de vin vieux sucré. De G. à d. et de h. en b.
Jacopo de Barbari, « Perdrix grise, flèche et gants », Alte Pinakothek, Munich Joris Van Son, « Nature Morte », Musée des Beaux-Arts, Lille Lubin Baugin, « Nature morte à l’échiquier », Musée du Louvre, 1630 Pieter Claesz, « Vanité avec violon et bille de verre », Germanisches Nationalmuseum, Nuremberg, 1628 Pieter Claesz, « Nature Morte à la tourte entamée », musée des Beaux Arts et d'Archéologie de Besançon, vers 1630 Georg Flegel, « Nature morte aux oeufs et coccinelle », Staatsgemäldesammlung Aschaffenburg, vers 1600 Lubin Baugin, « Le Dessert aux gaufrettes », Musée du Louvre, 1630-1635
Article du 27-12-2013 |
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