 Jetez mes autres livres, nous dit Jancis Robinson en préface de Wine Grapes, sa dernière livraison. Elle parle de ses précédents ouvrages sur les cépages. Il est vrai qu'avec 1242 pages serrées (et plus de 3 kgs), cet opus, écrit en collaboration avec Julia Harding et José Vouillamoz, spécialiste de l'analyse ADN de Vitis vinifera L , est un voyage ampélographique mondial qu'on peut sans crainte qualifier d'exhaustif. Et ce, même si "seulement" 1.368 variétés ont été retenues sur un total probable de plus de 10.000 (si on incluait les raisins de table et ceux utilisés pour les raisins secs). Wine Grapes rend clair le rôle d'une poignée de grands ancêtres : le Pinot, le Savagnin, le Nebbiolo... ou le croate Tribidrag, que l'on connaît mieux sous son passeport de Zinfandel ou de Primitivo. L'ouvrage définit en effet le classement des cépages en fonction de leur identité génétique, et en présente les généalogies et les "pedigrees" avec des diagrammes uniques. Il ouvre aussi les portes d'une aventure fascinante : celle des mouvements et des voyages des cépages. Au "cultural" s'ajoutent depuis plus de 8.000 ans le culturel et l'historique, les flux commerciaux et les migrations, les aléas économiques et les conquêtes, les abandons anciens mais aussi le regard nouveau pour la sauvegarde de patrimoines ampelographiques menaçés. Un hommage à la bio diversité
A ce propos, l'ouvrage note que la mise en avant des cépages par les producteurs (d'abord californiens), de même que l'intérêt pour ceux-ci des consommateurs, ne datent que de la deuxième moitié du XXème siècle. Cet intérêt nouveau a encouragé à la fois la plantation massive de cépages mondialement appréciés, mais aussi l'intérêt pour la redécouverte de cépages locaux (en Italie, en Suisse et en France). Jancis Robinson souligne d'ailleurs qu'il y a sur le plan cultural plus d'intérêt à redécouvrir d'anciennes variétés qu'à en créer des nouvelles... L'ouvrage en soi est un hommage à la bio diversité et un encouragement à sa protection. |