Eductours Oenotourisme sur l’étang de Thau

Article du 05-06-2013

 

Suite à la labellisation Vignobles & Découvertes de la destination « Pays de Thau », le porteur de projet, Thau Agglo, a mis en place au printemps des réunions et éductours pour permettre aux acteurs touristiques adhérents – vignerons, conchyliculteurs, hébergements, restaurateurs… - de mieux connaître la destination, de développer entre eux des possibilités de collaboration, et d’être sensibilisés aux quatre piliers de l’oenotourisme : le patrimoine, les goûts et saveurs, le paysage et la nature.

Les trois éductours organisés, résumés ici, ont notamment permis de mettre en évidence, dans l’héritage et les richesses du Pays de Thau, l’omniprésence de la vigne et des vins - qu’on trouve aujourd’hui en vins de pays, sous les appellations Frontignan et Mireval (Muscats), Coteaux du Languedoc, ou Picpoul de Pinet.

 

Eductour Patrimoine : le lien Patrimoines culturels et vins

7 kilomètres. 21 siècles. Une grande partie de l’histoire du vin et de la vigne est inscrite dans le pays de Thau.

Première étape, 1er siècle de notre ère. Le site archéologique de la Villa des Prés Bas à Loupian, qui reçoit 18.000 visiteurs par an, permet de découvrir un domaine viticole très important (30 h de vignes) qui possédait même, en bord d’étang, un atelier d’amphores.

Le domaine exportait des vins à Rome, mais un trafic d’étang à étang, entre Agde et Aigues-Mortes est également plus que probable. La visite est aussi pleine d’enseignements sur la conduite de la vigne, les cépages utilisés, et les modes de consommation des vins.

Cerise sur le gâteau, des fouilles toutes proches de la via Domitia révèlent l’existence d’une auberge sur le domaine. Elle aurait vendu du vin aux voyageurs.

Deuxième étape, XIIème siècle. L’Abbaye de Valmagne, dès sa création, est une exploitation viticole. Le vin servait aux offices religieux, aux pélerins du chemin de Compostelle tout proche et à l’accueil des hôtes de marque qui préféraient les étapes où les vins étaient les meilleurs.

L’âge d’or du vignoble monastique se situa entre le XIIème et le XIVème siècle. Les périodes suivantes furent souvent troublées, jusqu’à la Révolution. C’est après cette date que furent installés les impressionnants foudres de l’église, et il faudra attendre le Comte de Turenne qui achète et restaure l’Abbaye en 1838 pour renouer avec une exploitation régulière du domaine, qui se poursuit aujourd’hui avec la famille d'Allaine.

Troisième étape, le XXème siècle. La Cave de Villeveyrac avec sa belle architecture en pierre de taille, et ses immenses cuves en béton illustre l’histoire récente de la viticulture en Languedoc-Roussillon.

Après les débuts pleins d’espoir de la coopération (la cave a été construite en 1936), et l’époque de la production de masse, quand le vin était un produit de base, sont venues les problématiques plus contemporaines liées à une consommation moindre mais plus qualitative.

Aujourd’hui, avec les évolutions technologiques, et les regroupements de cave, se pose la question du sort de ce patrimoine architectural…

 
Eductour Goûts et Saveurs : le lien Terroir, paysages et saveurs

Première étape : nous avons rendez-vous à la Mandoune. Ce domaine est une ancienne exploitation viticole, entre Marseillan et Mèze.

Transformé par le groupe Garrigae en résidence hôtelière haut de gamme, avec tennis, practice de golf et installations de bien-être, il ouvre ses portes à la fin du mois de juin.

Au cours de notre première dégustation associant tielle et vins locaux (notamment un Grenache rosé 2012 du Domaine de la Fadèze), Daniel Roche, de l’association Epicuvin, insiste sur l’importance d’un beau paysage, qui crée un lien émotionnel, et agit plus que favorablement sur la perception des saveurs.

Jean-Pierre Conesa (L'Ile Singulière à Sète) présente la tielle, créée en 1937 par Adrienne Virduci. C’était à l’origine le plat du pauvre, un casse-croûte froid de poulpe consommé par les pêcheurs.
Elle est défendue aujourd’hui par la Confrérie gastronomique des 1001 pâtes qui a engagé une démarche de reconnaissance en IGP.

Notre deuxième étape se fait dans les vignes, avec une belle vue sur l’étang, pour une dégustation d’huîtres.

La conchylicultrice Karine Caussel, qui a l’habitude des visites-découvertes sur son exploitation, se plaît à donner des bonnes recettes, et à… casser les mythes. Oui, on peut manger des huîtres les mois sans « r » ; non, l’huître ne rend pas malade ; oui, on peut les ouvrir sans se blesser…
Un bel accord est trouvé avec un vin blanc, un assemblage Picpoul-Roussanne du Mas Saint-Laurent.

Troisième étape, sur la terrasse d’un beau château vigneron, au soubassement de pierre basaltique. Nous sommes chez Marie-Christine Fabre de Roussac, au Domaine de la Bellonette, domaine viticole et chambre d’hôtes.

Une maison historique qui donne à Daniel Roche l’occasion de brosser quelque vingt siècles de viticulture en Languedoc-Roussillon, tandis que les participants apprécient un muscat de Mireval du Domaine du Mas Rouge avec un clafoutis aux cerises du restaurant l’Oranger à Sète.

 

Eductour Paysage : le lien Homme et paysages

Première étape, au pied du Massif de la Gardiole, au Domaine de la Plaine, chez la famille Sala, entre Frontignan et Vic-la-Gardiole.

Le domaine de la Plaine fait plus de la moitié de ses ventes à la propriété, accueille des camping-cars (réseau France passion) et participe au cinéma dans les vignes des Emmuscades (projection au domaine le 17 juillet) : c’est donc un véritable acteur de l’oenotourisme du Muscat de Frontignan.

C’est aussi un « anthroposystème » pour Laurent Fabre, directeur du Jardin Antique Méditerranéen (JAM), biologiste et botaniste spécialiste des interactions homme/écologie des populations végétales.

Il emmène les participants de l’éductour sur les pentes de la Gardiole, pour une lecture de botaniste sur les paysages. Il en distingue au moins deux dans le panorama : celui exploité par l’homme (l’anthroposystème), celui abandonné par l’homme et « fossilisé » comme les marais salants ou le Massif.

Les paysages « naturels » n’existent pas : ainsi le Massif de la Gardiole qui paraît aujourd’hui « naturel » à part quelques plantations de résineux, a de tout temps était exploité.

Ethnobotanique et archéobotanique

Les charbonniers venaient y fabriquer du charbon de bois ; il y avait des parcelles d’oliviers et de vignes (au-dessus de l’altitude de 60 mètres qui est aujourd’hui le maximum pour les vignobles environnants) ; des fours à chaux étaient en activité ; les apiculteurs produisaient du miel de thym ; on ramassait l’écorce de chêne riche en tanins pour les tanneries, et les cochenilles de chênes kermès pour le colorant carmin.

Cette activité humaine, aux frontières mouvantes, a d’ailleurs généré sur la Gardiole une fragmentation des paysages, et une biodiversité aujourd’hui en perte de vitesse...

Cette promenade éducative permet aussi de connaître les diverses composantes des haies vives, les plantes pionnières ou rudérales, les mauvaises herbes (nom donné aux espèces adventices dont l’homme a oublié l’usage), qui poussent lorsque l’homme cesse d’intervenir, ainsi que les les plantes qui sont le témoin d’activités humaines antérieures (objet de science pour l’ethnobotaniste) : ainsi les orchidées qui témoignent de la présence ancienne de vignes.

La deuxième étape est « archéobotanique » et amène les participants au sein même du Jardin Antique Méditerranéen, qui dans les différentes parties de ses deux hectares présente les arbres, les fleurs et plantes de l’antiquité gréco-latine : médicinales, aromatiques, ornementales, funéraires, potagères..

On y croise bien sûr la vigne. La lambrusque sauvage mais aussi la Vitis vinifera avec divers modes de conduite; en mariage avec des arbres, en pergola, en complantation, mais aussi présente dans les jardins funéraires pour fournir le vin propre aux libations – et on apprend que la plante symbolique de Bacchus est la vigne bien sûr, mais aussi le lierre.

Et pour conclure, une dégustation étonnante permet de découvrir le miel du JAM et les fromages de chèvre du Mas Saint-Fariol, aromatisés au fenouil, à la fleur de chrysanthème, à la rue de Chalep ou au Zatar (origan de Syrie), et accompagnés de Muscat sec du domaine de la Plaine, de Muscat doux (Cuvée des Abeilles) du Domaine de la Peyrade, et du Douze de Frontignan Muscat.

 

Ces trois éductours ont donc offert de précieuses orientations pour les acteurs oenotouristiques qui y ont participé. Ne s’agit-il pas pour chacun d'eux de montrer, d’expliquer, et de valoriser le territoire ?

 

 

Pays de Thau : www.paysdethau.fr

Villa Loupian : www.villa.culture.fr
Abbaye de Valmagne : http://beta.valmagne.com/
Cave de Villeveyrac : www.cave-ormarine.com
Domaine de la Mandoune : www.garrigae.com
Epicuvin : www.epicuvin.com
Karine et Yvan Caussel : www.caussel.com
Domaine de La Bellonette : www.labellonette.com
L'Oranger : www.restaurantsete.com
Domaine de la Plaine : www.frontignan-domainedelaplaine.com
Jardin Antique Méditerranéen : www.thau-agglo.fr
Mas Saint-Farriol : http://saintfarriol.free.fr/

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