 A Frontignan, le week-end dernier, se déroulait la 23e édition d'Oenovidéo. Ce Festival international de films sur la vigne et le vin est un festival gratuit et itinérant - il était en 2015 à Cluny, en 2014 à Valencay… - et il s’accompagne chaque année d’un concours et d’une exposition de photographies, Terroir d’Images. Sur 4 jours, l’édition de cette année présentait 28 films internationaux, représentant 15 heures de projection. Depuis sa création, plus de 1 200 films ont été présentés, et les histoires qu’ils racontent sont innombrables et passionnantes. Pour prendre l’exemple de cette édition, le spectateur a fêté la Saint-Vincent de Saint-Aubin, frémi avec “Le Vin du Crime” ou des vendanges sur des pentes à 55° (Grand Cru Rangen en Alsace), et partagé la vie de compétition de la sommelière Véronique Rivest. Il a parcouru la Géorgie de long en large et appris les secrets des qvevris, créé des aventures viticoles dans l’Emporda, supprimé les frontières entre Slovénie et Italie (vignoble du Goriska Brda / Collio), réfléchi à l’avenir du Muscat de Frontignan, approché les transmissions vigneronnes (Pierre Overnoy et Baptiste). Il a compris le rôle de l’Institut Coopératif du Vin et rencontré bien des vignerons de Condrieu, de Loire, de Bordeaux, du canton de Vaud ou du Beaujolais. Il a écouté des vignerons musiciens ou les témoignages de vignerons de l’Hérault (véritables Hommes-Livres du vignoble), pesé les opinions de Jean-Luc Mélenchon, analysé les terroirs de Chablis depuis le ciel. Il s’est insurgé avec le Midi viticole, s’est émerveillé de la chorégraphie colorée de la fabrication des muselets ou des capsules, ou s’est mis dans la peau d’un archéologue pour fouiller une villa gallo-romaine près de Lyon. De quoi apprendre, s’émouvoir, s’insurger, s’étonner… en fictions, documentaires, animations et clips. Le Festival Oenovidéo est une occasion unique de découvrir tous ces petits et grands chefs d’oeuvre : en effet, on ne verra guère ce fleuve de films de la vigne et du vin sur les écrans des salles obscures, sur les chaînes de télévision (loi Evin oblige), ou sur le web. |
Alors, au regard de son contenu formidable, le mystère d’Oenovidéo, c'est que son aura reste faible, son audience auprès des médias limitée, et que les spectateurs devraient être bien plus nombreux. Un tel festival, par l’accès qu’il donne, grâce aux images, au patrimoine culturel de la vigne et du vin, relève de l’intérêt public. D’autant plus que l’oenoculturel est aujourd’hui pour la filière vin - combien de temps faudra t-il pour qu’elle s’en rende pleinement compte - un enjeu stratégique. Heureusement, lot de consolation, deux séances de rattrapage sont organisées chaque année avec une projection du best of du festival : le 24 juillet sur la place du village de Ménerbes et le 6 octobre à l’Imaginarium de Nuits-Saint-Georges. La remise officielle des trophées aura lieu au Sénat le 14 septembre. A ce moment-là seront annoncé la date et le lieu du prochain Oenovidéo. Il serait dommage de le manquer, que l’on soit vigneron, journaliste, oenophile ou passionné d’oenotourisme… Le palmarès 2016 ici : http://www.oenovideo.com/awards2016 |