Vignoble sous influence (romaine)

Article du 08-06-2016

Les vignerons des Vins de Vienne ont retrouvé le filon dans Pline. Là, sur les pentes abruptes de Chasse-sur-Rhône, de Seyssuel, de Vienne, les Romains cultivaient la vigne. Des expositions remarquables sud ou sud-ouest, une bonne aération fournie par la vallée resserrée, une variété de sols propres à nourrir une diversité des vins.

L’antiquité tirée des ronces

La renommée des vins de Vienne, capitale des Allobroges, dépassait ses frontières et on en trouve les échos dans les auteurs antiques : Plutarque, Pline l’Ancien, Martial, Columelle, Celse… Pierre Gaillard, Yves Cuilleron et François Villard ont, il y a une vingtaine d’années, repris aux ronces ce vignoble décimé par le phylloxéra, et l’ont remis en culture avec l’encépagement de la voisine rive droite du Rhône : Syrah et Viognier.

Les Vins de Vienne sont nés, et leurs cuvées - les célèbres Heluicum, Taburnum, Sotanum - rencontrent un très grand succès chez nous et à l'international. Quelques vignerons leur ont emboîté le pas (*), et de nouveaux arrivent, comme Sophie Eymin qui fait actuellement appel au crowd-funding pour son installation (https://www.miimosa.com/participez-a-la-creation-dun-domaine-viticole-a-seyssuel).

Depuis 2004, associés sous la bannière Vitis Vienna, ces passionnés sont conscients que ce vignoble est aujourd’hui aussi prometteur que le vignoble de Côte-Rôtie dans les années 70. Trente-trois hectares sont en vigne et au moins 40 hectares supplémentaires peuvent être plantés. Les vignes sont en IGP « Vins des Collines Rhodaniennes », mais le dossier d’AOC est en cours. Reste - entre autres - à en trouver le nom (rester sur Vienne ou Vienna serait sage...).

« Pulchra terra », « Sole occidente », « Asiaticus », « Sixtus », « Saxeolum », « Ripa Sinistra »... les cuvées au nom latin se sont multipliées, auxquelles fait écho la Vienne antique et ses monuments : le Temple d’Auguste et de Livie, le Théâtre Antique, le Jardin de Cybèle…

Si le terroir fait le vin, le terroir oenoculturel fait la destination oenotouristique.

Mais on ne touche pas impunément à l’histoire et à la géographie. Nos pionniers et leurs émules ont créé plus que de grands vins, complexes et éclatants. Ils ont donné du sens, des histoires, une personnalité à un nouveau terroir oenoculturel. Et si le terroir fait le vin, le terroir oenoculturel fait la destination oenotouristique.

Entre Isère et Rhône (départements), des deux côtés du Rhône (fleuve), à Vienne, à Saint-Romain-en-Gal, dans le Pays Viennois… les acteurs et élus locaux, ainsi que « Secrets de Vienne » - l’Office de Tourisme de Vienne et du Pays Viennois - puisent une nouvelle force touristique dans cet héritage viticole romain et sa renaissance.

Ils le font avec justesse et pragmatisme, en cohérence avec les atouts touristiques du Viennois : le patrimoine antique et médiéval ; le festival de jazz ; la gastronomie (notamment avec l’emblématique Patrick Henriroux ou l’eau-de-vie de poire Williams de la Distillerie Colombier).

Depuis 2004, le musée gallo-romain - et site archéologique - de Saint-Romain-en-Gal multiplie les projets en archéologie expérimentale autour du vin. Il cultive des vignes à l’antique et organise chaque automne les Vinalia, fêtes romaines des vendanges : elles auront lieu le 25 septembre et associeront sans doute cette année l’olive.
Vitis Vienna organise quant à elle le 1er samedi de novembre la Fête des Pressailles (5 novembre cette année).

L’Office de Tourisme, depuis janvier installé dans un pavillon flambant neuf, est un lieu de vie autant qu’un pôle d’informations. Conçu pour être modulé en fonction des événements, il accueille des ateliers gastronomiques et oenologiques, et offre un cabinet de curiosités des ressources du tourisme et des savoir-faire du Viennois.

« Secrets de Vienne » s’appuye sur l’histoire et la géographie pour s'affirmer comme la porte d’entrée du vignoble rhodanien septentrional, vis-à-vis de ses visiteurs, des festivaliers, des croisiéristes... Il dresse au sein de son espace d’accueil un spectaculaire mur de plus de dix mètres de haut sur quatre mètres de large, portant les huit cent cinquante cuvées de référence du vignoble, de Vienne à Valence.
Ce mur rappelle le mur d’amphores que l’on peut admirer au proche et curieux Musée Saint-Pierre, mais il est appelé à servir bientôt de support à un dispositif de réalité augmentée.
« Secrets de Vienne » organise des approches du vignoble escarpé et spectaculaire de Seyssuel, avec le petit train touristique ou en randonnée libre. Elles mériteraient d'être développées.

 

Vins, patrimoine, jazz


Les manifestations sont nombreuses à associer les vins du Pays Viennois.

Ainsi, Vitis Vienna animera le bar à vins VIP du Festival Jazz à Vienne (du 28 juin au 15 juillet) avec dix-huit cuvées et chaque soir deux vignerons. Leurs vins seront aussi présents au Jardin de Cybèle.

Lors des « Rencontre(s) improbable », soirée décalée des 16,17 et 18 juin, dont le titre est « Pline et Martial back in town », les vins, fruit du travail archéo-culinaire de Pierre Gaillard et du musée de Saint-Romain en Gal seront dégustés. Par ailleurs, de novembre à juin, tous les deuxièmes jeudis du mois, des balades sont organisées autour des vins de Vitis Vienna, de sites patrimoniaux, et du jazz.

Des vins d’excellence, une destination oenotouristique cohérente, un storytelling clair et authentique qui appuye la cohésion des acteurs... Oenotouristes, arrêtez-vous à Vienne.

Avec Vitis Vienna sous influence romaine, la civilisation a de l’avenir.


www.vitisvienna.com

Coups de cœur
Sixtus blanc (Les Vignobles de Seyssuel)
Taburnum (blanc – Les Vins de Vienne)
La Bâtie (rouge - Christophe Billon possède la seule vigne de la ville de Vienne, sous les ruines du château de La Bâtie qui domine la vallée de la Gère)
Seul en scène (rouge – François Villard)
... et la carte géologique du vignoble de Vitis Vienna, indispensable sur le terrain.


Caviste
Romaine et moderne, la Cave du Temple propose - en face du temple d’Auguste et de Livie, en plein centre de Vienne - une grande variété de vins, dont ceux de la Vallée du Rhône septentrionale, avec une tablette toute contemporaine pour consulter les fiches techniques des diverses cuvées.


(*) Michel et Stéphane Ogier, Pierre-Jean Villa, Julien Pilon, Jérôme Ogier et Damien Robelet (Les Serines d’Or), Hervé Avallet, Christophe Billon (le seul sur le territoire de la commune de Vienne, sous le château de La Batie), Alain Paret, Michel Chapoutier et Paul Lucidi, les vignerons des Vignobles de Seyssuel (Louis Chèze, Laurent et Pascal Marthouret, Georges Treynard)


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