 Fronton – toute de brique rose - nous accueille par une sculpture représentant une « Vendangeuse à la seille », la hotte basse à vendange régionale qui se portait sur la tête. Plus loin, dans un ancien lavoir datant de 1949, l’Association Patrimoine Frontonnais sauvegarde outils de la vigne et ustensiles de vinification. On y admire – en demandant à le visiter à l’Office de Tourisme - quelques pièces originales comme un cric de charrette et un pulvérisateur en verre… L’Association a placé dans d’autres lieux du vignoble certains de ses objets. L’origine de Fronton remonte au IXe siècle. Le pape Calixte II a consacré son église en 1119, et son marché – bien placé sur la route Cahors-Toulouse - se tient depuis le XIIe siècle le jeudi matin. Un peu à l’écart du centre, une jolie maison dans un parc de sept hectares – le Château de Capdeville - abrite à la fois l’Office de Tourisme et la Maison des Vins. Celle-ci offre 150 vins à la dégustation et informe sur les ressources oenotouristiques de l’AOP Fronton. Le Château accueille aussi animations et événements privés. |
A cheval sur deux départements, la Haute-Garonne et le Tarn-et-Garonne, entre Toulouse et Montauban et sise sur trois anciennes terrasses du Tarn, l’appellation, créée en 1975, revendique sa forme de ballon de rugby et affirme sa place dans la mosaïque des vignobles du sud-ouest.
Mythe et réalités de la Négrette
La Négrette, le cépage emblématique de Fronton (on en trouve aussi un peu dans les Fiefs Vendéens, ou en Californie sous le nom de Pinot Saint-Georges) fut, selon la légende, ramené de Chypre par les chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem, bâtisseurs, suite aux Romains, de ce vignoble. Mais son origine locale est désormais attestée, ce qui en fait un cépage totalement autochtone, d’autant qu’elle est peut-être identifiée dès le Vie siècle dans le sud-ouest sous le nom de Mavro, qui veut dire noir... en grec. Le cépage craint l’humidité, son manque d’acidité crée parfois des vins instables, et sa peau fine demande un traitement doux. Le Château de Cransac a même investi dans des cuves « Ganimède » qui permettent des cycles de remontage-délestage léger, sans pompage.
Mûre, violette et réglisse
La Négrette a fait son chemin chez les vignerons. Elle doit être présente en majorité dans les assemblages de rouge ou de rosé, et les cuvées 100 % qui exaltent son originalité et son caractère se multiplient : 25 % des cuvées en rouge de la Maison des vins sont en 100 % Négrette. Un nouveau fromage de vache a même été créé - le « pavé toulousain », entre Bethmale et Laguiole, qui se déguste parfaitement avec la Négrette… Citons la cuvée Résolument N du Château Cransac, la cuvée Vinum du domaine en biodynamie de La Colombière, la cuvée Mavro du Chateau Bellevue La Foret, ou La Folle Noire d’Ambat du Domaine Le Roc. Ajoutons-y le parfait rosé Inès de la Cave de Fronton (Vinovalie), puisque l’appellation développe maintenant fortement ses cuvées en rosé. |
Une appellation en forme de ballon de rugby
L’occasion annuelle de découvrir Fronton, c’est « Saveurs et Senteurs » qui depuis 28 ans se déroule, le week-end après le 15 août. Sur la route des vins, parsemée de pigeonniers et belles architectures, qui compte quelque quarante domaines et châteaux bien signalés, citons quelques étapes. Ainsi, le Château La Colombière offre au Bellouguet une maison d’hôtes de caractère. Une belle vue sur le vignoble est offerte, ce qui semble aller de soi, par le Château Bellevue La Forêt qui déploie ses 112 hectares autour de ses bâtiments : il offre aux visiteurs des sentiers pédestres de découverte. Le Château Caze possède une belle cave enterrée du XVIIIe siècle et organise des visites et événements - comme une soirée du Festival « Musique en Vignes dans le Frontonnais » en juillet. Le Château Cransac se trouve au cœur de 160 hectares de terres dont 50 ha de vignes. Il affirme son slogan « L’Art de recevoir » : ses belles installations vastes et modernes ainsi que sa terrasse sont idéales pour les événements de famille et d’entreprise. Ô Toulouse Fronton est à 30 minutes de Toulouse. Pourtant, il y a du travail pour ne pas faire mentir le dicton « A Toulouse, il est de bon ton de boire du Fronton ». En effet, seulement 10 % des restaurants de Toulouse ont une cuvée de Fronton à leur carte. Aussi, l’appellation a-t-elle édité le petit guide « 1 chef, 1 vigneron » associant recettes de chefs toulousains et vins de Fronton. Le vignoble joue à fond la carte de la ville rose et s’attache à être partenaire de tous ses événements. Sur le plan œnotouristique, la concurrence – à moins de deux heures de route de Toulouse - de Gaillac, de Cahors ou des Corbières se fait sentir… L’AOP Fronton recèle mille histoires œnoculturelles originales et porteuses de son identité. Elles restent à raconter, et pas seulement pour donner – au-delà d’un annuaire de prestataires – identité, chair et sens à une éventuelle labellisation Vignobles & Découvertes. www.vins-de-fronton.com |