Le vin en mille anecdotes

Article du 12-04-2017

La vigne et le vin regorgent d’anecdotes qui nous plongent dans l’Histoire. Mille anecdotes, que dis-je, cent mille, un million jalonnent notre civilisation, qui est celle du vin. Traversons les siècles…

Ainsi, la vigne et le vin jouèrent un très grand rôle dans la civilisation des Hittites, indo-européens qui vécurent en Anatolie entre 1700 et 1200 avant J.-C. Ils ont même donné à l’humanité le mot de vin, « wiyana », que l’on retrouve dans wine, wein, vinum, et la Turquie s’appellait alors Wiyanawanda, le pays de la vigne…

Au sein de l’armée romaine le centurion commandait une centurie (environ une centaine d’hommes). Dans une légion il y avait 60 centurions. Et que portaient les centurions comme symbole de leur dignité ? Un cep de vigne, symbole de force et de puissance civilisatrice…

On peut voir à Vienne (Isère) comment périssent les ennemis de la vigne et du vin. Une grande mosaïque de la fin du IIème siècle est exposée au Musée Gallo-Romain de Saint-Romain-en-Gall. Elle détaille le sort réservé au roi de Thrace Lycurgue. Ennemi de Dionysos, il avait interdit la culture de la vigne dans son royaume. Dionysos lui ôta la vue, et le fit étouffer par les lianes de cette plante divine.

L’un des plus grands poètes du vin – et ce qui va de soi de l’amour, de la libre pensée et des plaisirs de la vie – est persan. Omar Khayyâm vécût aux XIè et XIIè siècles et a écrit les très beaux textes, en quatrains, du Rubayat. Une citation ? "Prends une urne de vin, va t'asseoir au clair de lune, et bois, en te disant que la lune te cherchera peut-être vainement, demain."

Dans les régions viticoles, en France, les cultes rendus aux saints patrons protecteurs de la vigne (Vincent, Vernier, Martin...) s'accompagnaient de sanctions diverses au cas où ils ne donnaient pas satisfaction, en cas donc de mauvais rendement, d’intempéries, de gel... On mettait leurs statues « au piquet », on les noyait dans les fontaines ou dans les rivières...

Dans le village alsacien de Mittelbergheim, le registre communal - le Weinschlagbuch - où sont mentionnés le prix du vin de la vendange de l'année, des commentaires sur la vie de la vigne ou du village… est tenu depuis 1456 ! Chaque dernier week-end de juillet, lors de la traditionnelle fête du vin, on lit en public les observations sur l'année viticole passée.

La feuille de vigne n’est apparue dans la peinture italienne qu’au XVIème siècle. A bien lire la Genèse (3:7), Adam et Eve se servaient de feuilles de figuier, bien plus couvrantes.

Les vendanges étaient particulièrement à l’honneur dans le calendrier républicain créé en 1793. Le mois de Vendémiaire (22 septembre au 21 octobre) leur était consacré. De plus, le mois de Vendémiaire était le premier mois du calendrier républicain.

L’expression « boire un canon » date du XIXème siècle. Le canon était une subdivision de la pinte dans les complexes et très régionaux systèmes de mesure des liquides de l’ancien régime. On parle de 1/16ème de pinte, soit une demi-roquille, soit 6 cl.

Ce sont les revenus d’une vigne familiale, qui produisait 12.000 bouteilles, qui permirent l'éducation de Napoléon. Cette terre de la « Sposata » était située près d'Ajaccio. Napoléon y resta très attaché, la présentant au Comte Las Cases à Sainte-Hélène comme la première vigne de Corse. Il l'offrit à Antoine-Marc Forcioli, marin qui en février 1815 l'amena de l'île d'Elbe a Golfe-Juan. Cette vigne a été absorbée par l'extension d'Ajaccio.

Un des rares vignobles encore présents au cœur des villes est celui du Clos Lamalgue à Dijon. Il avait déjà les honneurs d’Alexandre Dumas en 1846 dans « Le Comte de Monte-Cristo ».

A Poligny, durant la seconde guerre mondiale, la statue représentant un vigneron (du sculpteur Syamour) devait être prise et fondue par les Allemands. Les habitants enlevèrent la statue. Ils laissèrent un petit panneau indiquant : « je suis aux paisseaux », c’est-à-dire à la recherche de morceaux de bois pour servir d’échalas aux vignes.

La vraie entrecôte Bercy, servie aux négociants en vin du quartier, était à l’origine une viande chevaline grillée accompagnée d'une sauce à base de vin blanc, d'échalotes et de citron, et servie avec du persil et du cresson. Mais le plus indispensable, c’est le feu de bois… fait avec des tonneaux non réparables !

Et regardez bien, écoutez bien… dans chaque verre de vin, il y a une histoire

 

André Deyrieux

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