Les petites pépites de Loire

Article du 05-03-2007

Au concours des plus petites AOC de France, le Val de Loire ne peut pas rivaliser avec la Bourgogne : avec une surface de 84 ares et 52 centiares, La Romanée est définitivement imbattable !

Mais de Nantes à Sancerre, il existe de nombreuses petites appellations peu connues, qui ont toutes en commun de présenter une typicité et des particularités bien affirmées.

L’une des plus connues d’entre elles est l’appellation Savennières-Coulée de Serrant, et ses 7 hectares, propriété en monopole de la famille Joly. Encore que quelques grincheux érudits n’en finiront pas de discourir pour savoir s’il s’agit à proprement parler d’une appellation ou d’un simple cru au sein de l’AOC Savennières, au même titre qu’une autre micro-appellation, Savennières-Roche-aux-Moines (19 ha);

Peu importe. On préfèrera retenir le charme du village de Savennières, à quelques kilomètres au sud-ouest d’Angers, les coteaux qui dominent la rive nord de la Loire et du haut desquels on peut profiter d’un des plus beaux panoramas sur le fleuve, les ruines du château fort de la Roche-aux-Moines, où le futur roi Louis VIII fit reculer l’anglais Jean sans Terre, le château de Serrant à Saint-Georges-sur-Loire...

Comme à Savennières (140 ha) on produit dans ces deux crus de la Coulée-de-Serrant et Roche-aux-Moines, des vins blancs, le plus souvent secs, issus du seul cépage chenin.

La corniche angevine

Juste en face de Savennières, de l’autre côté de la Loire, on trouve le même charme à se promener dans les coteaux du Layon, en suivant la “corniche angevine”, une barre rocheuse, entre Rochefort-sur-Loire et Chalonnes-sur-Loire.

Il n’y a qu’à suivre les panneaux qui jalonnent cette corniche pour s’offrir une incroyable série de panoramas sur le fleuve classé au patrimoine mondial de l’Unesco.

Et là encore, au milieu des coteaux du Layon, on découvrira deux petites appellations : le cru de Chaume, qui s’étend sur 61 hectares, et le “Quarts-de-Chaume”, mamelon d’une petite colline exposée plein sud, qui ne représente qu’une quarantaine d’hectares.

Localement, quelques rivalités dignes de Clochemerle opposent les producteurs sur les mérites comparés de leurs deux crus. Historiquement, le “quart-de-chaume” était le quart réservé au seigneur, la meilleure part ! Mais aujourd’hui, les mérites de ces vins liquoreux devraient permettre de se réconcilier autour d’un verre !

Sur place, il ne faut pas manquer de découvrir le souvenir de l’activité minière de la région : la corniche angevine fut un petit bassin houillier dont la dernière mine n’a fermé qu’en 1964. Perdue dans la nature, la Chapelle Sainte-Barbe des Mines témoigne de ce passé, alors que les vignerons du cru sauront vous montrer, disséminés dans la région, les vestiges des terrils.


Le Loir gaulois

On trouve une autre petite appellation, elle aussi plantée de chenin, dans le sud du département de la Sarthe. C’est le fameux coteau des Jasnières, dont Curnonsky, le prince des gastronomes, a écrit que “Trois fois par siècle le Jasnières est le meilleur vin blanc du monde”.

C’est sans doute un des exemples qui permet le mieux de comprendre ce qu’est une AOC : au pied du coteau, on peut embrasser du regard l’ensemble de l’appellation, coteau exposé plein sud, sur 4km de long pour un total de 60 ha, dont on comprend qu’il a des caractéristiques différentes des coteaux voisins, classés en appellation “Coteaux du Loir” (80 ha). Il faut monter en haut du coteau des Jasnières pour découvrir un panorama sur la vallée du Loir, qui permet de comprendre pourquoi Du Bellay préférait son “Loir gaulois” au “Tibre latin”.

Plus à l’est, en Touraine, il faut avouer que la toute petite appellation Touraine-Noble-Joué n’offre pas des paysages si enchanteurs. Coincée au sud de l’agglomération tourangelle, elle doit son nom à Joué-lès-Tours, une commune de l’agglomération désormais totalement urbanisée, où ne pousse plus un cep de vigne !

A Chambray-les-Tours, autre commune de l’agglomération, la municipalité a eu la bonne idée de préserver une vigne communale, cachée derrière un centre commercial et un pont d’autoroute ! 6 vignerons seulement produisent du Touraine-Noble Joué sur une surface qui ne dépasse guère la vingtaine d’hectares. Mais ils ne se laisseront pas grignoter par le béton : “Un promoteur immobilier m'a proposé 18 euros par mètre carré. J'ai refusé. Il m'a dit que j'étais fou. Je lui ai répondu que la seule richesse d'un homme, c'est sa santé.” confiait à l’hebdomadaire Le Point Bernard Blondeau, dernier vigneron de la commune de Saint-Avertin.

D’autant qu’il faut préserver ce vin qui, par la finesse de ses arômes fruités et floraux, séduit les rares amateurs qui ont eu la chance de le goûter. C’était, dit-on, le vin du roi Louis XI, qui résidait non loin de là, en son château du Plessis-les-Tours. Curieusement, ce vin “gris” est issu du pressurage direct de cépages peu plantés dans la région : pinot gris, pinot noir et pinot meunier. Une curiosité à découvrir !

Guillaume Lapaque

Photos : © GL/Ligérienne de Presse

Nos adresses

A Savennières

Château de Serrant
route nationale 49 170 St-Georges-Sur-Loire
contactserrant@wanadoo.fr
+33(0)2 41 39 13 01

Entre Savennières et Layon

Sur l'île de Béhuard, au milieu de la Loire, il faut faire halte chez Catherine et Gérard Bossé qui proposent une cuisine de qualité et une très belle carte des vins.
12, rue du Chevalier Béhuard 49170 Béhuard
+33(0)2 41 72 21 50
g.bosse@libertysurf.fr

Pour en savoir plus sur le souvenir des mines angevines : http://www.stebarbe.com

Dans l’appellation Touraine-Noble-Joué

Rémi Cosson La Hardellière 37320 Esvres Tél. : +33(0)2 47 65 70 63

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