En ces temps de rentrée, il est naturel de regarder vers l’avenir ; en ces temps touristiques, d’interroger ce secteur d’activité.L’avenir proche pour l’œnotourisme, ce sont les Assises organisées le 20 novembre à Paris ; le travail continu du Conseil Supérieur de l’Œnotourisme et d’Atout France ; la multiplication du nombre d’acteurs commercialisant produits et prestations ; les initiatives des châteaux, domaines et vignobles qui vont bientôt faire le point sur la saison écoulée. Les interrogations sur le tourisme, ce sont celles qui font ressortir la fracture entre un tourisme de survol qui inonde, sature, défigure certaines destinations, et un tourisme d’approfondissement, dont les fidèles recherchent une expérience réelle de découverte des patrimoines et des modes de vie d’un territoire. L’œnotourisme entre clairement dans cette deuxième catégorie, que l’on s’adresse aux amateurs avertis de vin, aux amoureux de l’art de vivre, à tous les touristes curieux. |
 Faire feu Il appartient aujourd’hui aux vignobles de faire feu de tout sarment pour valoriser leur histoire, leurs paysages, leurs patrimoines, tous les trésors qui témoignent de l’inventivité architecturale, des diversités culturales, des prouesses de vinification, des énergies festives ou sociales, des liens symboliques ou économiques, des productions de l’esprit qu’ont créé au fil de vingt-sept siècles la vigne et le vin en France. Depuis les années 50, le lien à cette histoire a été perdu, le sens même de l’importance de ces patrimoines a été perdu. Il y a eu, en peu de temps, déconnexion. Elle tient notamment à des facteurs techniques bouleversant la production (mécanisation, produits phytosanitaires, culte du progrès…) ; à des facteurs sociétaux (le vin n’étant plus un aliment mais un agrément, les aspects symboliques du vin étant rapidement oblitérés) ; à des facteurs économiques (tenant à la perte de l’importance du secteur viticole, en chiffres et en population dans l’économie)… Le fil de la transmission culturelle s’est donc rompu pour ce qui concerne les pratiques ou la parole des anciens, ou s’est restreint à des publications et à des échanges universitaires, par ailleurs passionnants, peu diffusés dans les filières viticoles et touristiques. Aujourd’hui, les richesses culturelles de nos histoires viticoles sont donc largement ignorées. |
 Œnotourisme triple De plus, il n’a pas été encore complètement compris que l’œnotourisme est triple. C’est certes un tourisme de découvertes dans les caveaux et d’expériences œnologiques ; c’est bien sûr un tourisme de moments festifs, artistiques et conviviaux ; c’est aussi, fondamentalement, un tourisme culturel. Il ne s’agit pas de folklorisme, ou de culte du passé. Il y va de la possibilité à jouer deux avantages concurrentiels forts sur la scène du vin internationale, qui s’élargit chaque jour : l’identité particulière de chacun de nos vignobles et un patrimoine de milliers d’histoires uniques. L’œnotourisme est donc important pour chaque territoire de vignoble, que l’on soit domaine, appellation ou destination Vignobles & Découvertes. En ces temps de navigation à vue (et dans le brouillard) des politiques culturelles nationales, l’œnotourisme est aussi important parce que, en tant que secteur touristique d’avenir, il a son mot à dire, par exemple sur la protection esthétique des paysages de vignes (notamment au regard des usines d’éoliennes), sur la valorisation de la dimension culturelle lourde du vin (notamment face aux entreprises de sabordage anti-vin), sur la transformation en économie à part entière du storytelling œnoculturel. L’œnotourisme n’est pas important. Il est très important. |