L'oenotourisme en France

Article du 10-10-2009

Que l'oenotourisme soit un secteur émergent, on peut le mesurer au faible nombre d'études et d'essais portant sur le tourisme vitivinicole.

2007 avait donné naissance à trois documents : le rapport Dubrule, l'étude anglo-saxonne "Global Wine Tourism : Research, Management and Marketing" et le très opérationnel "Oenotourisme - Mettez en valeur votre exploitation viticole" de Yohan Castaing.

Il n'existait en tout cas pas d'ouvrage universitaire sur la question.

Voilà qui est chose faite avec le livre, qui vient de paraître aux Editions Féret, signé par Sophie Lignon-Darmaillac, maître de conférences à la Sorbonne, et dès 2002 auteur d'une étude sur le tourisme viticole en Espagne.

"L'oenotourisme en France, Nouvelle valorisation des vignobles" porte l'explicite sous-titre "Analyse et bilan".

Après avoir redessiné les contours de cet autre french paradox d'une France "puissance" viticole et touristique tardivement venue à mettre du tourisme dans son vignoble (et réciproquement), l'ouvrage balaye précisément son champ d'investigation en trois parties :
- Passion, ou mariage de raison entre vignoble et tourisme
- Destinations touristiques, les routes du vin à la découverte des vignobles
- Sur les routes du vin, une offre culturelle et festive de plus en plus variée

L'argument est étayé de graphiques, belles cartes et chiffres. A propos, sur ce point des données quantitatives, on attend avec impatience la relève de l'étude de l'AFIT qui commençe à dater un peu puisqu'elle remonte à 2001, et la nouvelle moisson de chiffres qu'Atout-France a promis (nous semble-t-il) pour la fin de l'année.

 

Aux acteurs maintenant, sur ces bases clairement posées, et dans une période charnière (plus encore avec la crise) de répondre aux options, aux enjeux, aux faiblesses, aux interrogations du secteur :
- la mise en réseau des initiatives ou même la simple circulation de l'information entre les diverses partes prenantes;
- le rôle moteur des grands acteurs oenotouristiques dans chaque région, ainsi que leur visibilité, et leur attractivité internationale;
- l'incapacité, jusqu'à présent, à créer une synergie nationale (par exemple autour de Ravivin, de la Fête de la Vigne et du Vin, de la journée européenne de l'oenotourisme...);
- l'impact extrêmement limité des rapprochements européens (léthargique Vintur !)
- l'insuffisance des capacités d'hébergement (dans des zones a priori rurales..);
- l'existence de circuits "obligés" en dehors desquels peinent à se faire connaître les petites initiatives originales (cas du Cognac et de la Champagne);
- la professionnalisation des services apportés au secteur et indispensables à son développement (formations, conseil... et l'épineuse question des labels);
- les relations à nouer avec le tourisme rural ou l'écotourisme...

 

Mais, sans attendre toutes les réponses à ces questions, il y a déjà la richesse formidable que met en avant ce livre, des initiatives et des réalisations.

Le contraire serait étonnant, vu la mosaïque des vignobles, la diversité des activités qui s'y pratiquent (et les opportunités infinies de "packages" touristiques), l'abondance de routes des vins créées par l'histoire récente, la variété des attentes de clientèles dissemblables, la multiplicité des métiers concernés (restaurateurs et hôteliers, guides de pays, cavistes, institutionnels du tourisme, agences de voyages, sommeliers, oenologues, conservateurs de musées...).

Et l'auteur en conclusion souligne, salue cet "oenotourisme expérimental" qui "se saisit aujourd'hui de toutes les modes".

Peut-être est-ce la marque de fabrique France, cette créativité sans complexe qui puise dans les très riches patrimoines vitivinicoles de France, pour construire l'oenotourisme de demain ?

 


L'oenotourisme en France, nouvelle valorisation des vignobles : Analyse et bilan
Sophie Lignon-Darmaillac
Editions Féret

 

Nous ne résistons pas à l'envie de citer, avec l'auteur, le délicieux "Bulletin du Syndicat d'initative et de tourisme dijonnais et de Côte d'Or" d'avril 1912 : "On peut aller de Gevrey à Nuits par la route nationale et l'on passe alors devant quelques uns des plus fameux crus de France... Mais pour le touriste épris de beautés naturelles, ce trajet est sans intérêt."

 

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