Au milieu des années 50, le Beaujolais avait inauguré sa route des vins dans l’atmosphère libérée d’après-guerre. Elle marquait le début d’une épopée, les trente glorieuses d’un vignoble pas tout à fait comme les autres. Cette route anticipait le développement conjoint de l’auto et des congés. On ne parlait pas encore d’oenotourisme, même si c’en était déjà.
Sans doute grisés par le succès, les vignerons ont un peu négligé cet outil. Mais, « tut-tut ! », c’est officiel, la route des vins du Beaujolais est de retour depuis Chânes au nord où elle rejoint celle de Bourgogne, jusqu’à Lozanne au sud où elle s’approche des grands axes (notamment l’A6, sortie Limonest), facilitant ainsi son accès. Au total 140 kms et 36 communes traversées.
Cette mise en place matérialise la volonté de l’interprofession de développer l’oenotourisme, de dévoiler cette terre, ces paysages, ces hommes aussi, trop souvent masqués par le tintamarre du troisième jeudi de novembre.
Une route, un guide, une charte
Un guide accompagne le lancement de cette route des vins. Il est diffusé gratuitement à 25 000 exemplaires dans tous les offices de tourisme et autres sites touristiques. Il donne toutes les clefs pour découvrir les secrets du vignoble.
Quatre-vingt-quatorze opérateurs (vignerons, négociants, caves coopératives) y sont répertoriés. Pas n’importe lesquels. Ils ont dû répondre aux 70 critères d’une charte d’accueil et à la visite d’un auditeur. Ceci, afin de garantir un certain « savoir-recevoir », qui ne nuit en rien la convivialité toute beaujolaise.
Des crus…
Ceux qui ne sont jamais venus en Beaujolais ne manqueront pas les incontournables. Commençons par le nord pour ne pas le perdre. Le périple débute par les crus, du romantique Saint-Amour au fier comme un coq Juliénas, là où l’on trinque jusqu’au chœur de l’église, en passant par Chénas suave comme une confidence qu’on vous souffle à la bouche. Du Hameau de Monsieur Duboeuf au pied du moulin à vent, de nouveau ailé, il n’y a que quelques vrombissements d’auto.
S’en suit un passage au pied de quelques collines mythiques : la Madone de Fleurie, la côte de Py de Morgon ou le mont Brouilly et sa pierre bleue. Autant de pentes où les cuvées prennent l’expression des plus grands crus.
…aux villages…
Vous aurez, entre temps, été saluer Anne de Beaujeu pour les sages, Gnafron pour les moins sages, dans la capitale qui a donné son nom au vignoble. Comme un avant-goût de l’esprit rabelaisien qui s’empare de votre parcours et qui atteint son paroxysme à Clochemerle où l’ombre de Gabriel Chevallier plane dans les rues.
…aux pierres dorées.
C’est en entrant dans le sud du vignoble, après Villefranche, que les villages se teintent en ocre. C’est le Beaujolais des Pierres dorées que certains ne se gênent pas pour comparer à la Toscane « mais je me demande si ce n’est pas la Toscane qui ressemble au Beaujolais », confiait le chansonnier Jacques Mailhot dans l’euphorie d’une intronisation. Certains bourgs médiévaux comme Oingt ou Ternand méritent plus qu’un passage.
A vrai dire, cette route, dont les panneaux seront installés avant l’été, n’est qu’un fil rouge, que l’on peut suivre… ou pas. Il n’est pas déconseillé d’en sortir un peu, de s’égarer dans un hameau de vieilles pierres, de s’oublier un temps au fond d’une cave accueillante.
Que ceux qui connaissent déjà le vignoble se rassurent. Ils pourront s’atteler à dénicher de nouveaux producteurs, de nouveaux talents. Le vignoble en regorge. De ces vignerons de père en fils, qui cultivent la tradition ; de ces nouveaux venus au métier, qui viennent assouvir leur rêve bachique au pied d’un cep de gamay ; de ces grandes maisons de négoce décidées à redorer le blason des châteaux beaujolais.
Vous y dégusterez des produits traditionnels comme ses vieux crus élevés en fûts avec patience ou des produits en vogue : rosés ou effervescents.
Vous vous rendrez compte que ce fil rouge à travers les vignes est un peu cousu de fil blanc aux deux extrémités, nord et sud, où le chardonnay rencontre ses terrains de prédilection.
Ce guide de 120 pages vous renseigne aussi sur les boutiques de vin ; les labels vignerons de Gîtes de France, tel cet original apéritif vigneron qui combine visite d’exploitation, dégustation et mâchon.
Il vous donne la liste de ces « bistrots beaujolais », c’est-à-dire les restaurants qui mettent en avant leur terroir mais aussi les musées œnologiques, les fêtes bachiques... Autant de portes d’entrée.
Le mieux est encore de poser ses valises quelques jours dans une chaleureuse chambre d’hôtes. Le Beaujolais, ça se boit et ça se voit. Ça se revoit même.
Le guide est cofinancé par l’Europe, le conseil régional Rhône-Alpes et le département du Rhône. Une version téléchargeable sera prochainement disponible sur le site www.beaujolais.com
L’interprofession prépare pour la fin de l’année des boucles à suivre via un GPS.
Plus d’informations : Inter Beaujolais 04 74 02 22 10 - Destination Beaujolais au 04 74 04 27 50